14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sa confiance en lui n’était pourtant pas tota<strong>le</strong>. Il éprouvait<br />

un peu d’incertitude, <strong>et</strong>, fait caractéristique, au lieu de<br />

l’attribuer à son incapacité de pratiquer la Voie du samouraï, il<br />

la minimisait comme étant due à de récentes difficultés<br />

personnel<strong>le</strong>s. Une de cel<strong>le</strong>s-ci, peut-être la plus importante,<br />

c’était Akemi. Depuis l’incident de Sumiyoshi, il se sentait mal à<br />

l’aise, <strong>et</strong> quand Gion Tōji avait décampé, il s’était rendu compte<br />

que <strong>le</strong> cancer financier qui rongeait la maison Yoshioka avait<br />

déjà atteint un stade critique.<br />

Ryōhei <strong>et</strong> ses compagnons revinrent avec <strong>le</strong> message pour<br />

Musashi inscrit sur une planche fraîchement découpée.<br />

— Est-ce là ce que vous souhaitiez ? demanda Ryōhei.<br />

Les caractères, encore humides, disaient ceci :<br />

Réponse — En réponse à votre demande de rencontre, j’indique la<br />

date <strong>et</strong> l’endroit suivants. Endroit : champ du Rendaiji. Date :<br />

neuvième jour du premier mois, sept heures du matin. Je fais <strong>le</strong><br />

serment so<strong>le</strong>nnel d’être présent.<br />

Si, par un hasard quelconque, vous ne tenez pas votre promesse, je<br />

considérerai de mon droit de vous ridiculiser en public.<br />

Si je romps <strong>le</strong> présent accord, puissent <strong>le</strong>s dieux me punir !<br />

Seijūrō, Yoshioka Kempō II, de Kyoto. Fait <strong>le</strong> dernier jour de 1605.<br />

Au rōnin du Mimasaka, Miyamoto Musashi.<br />

— Ça va, dit Seijūrō après avoir lu ce texte.<br />

C<strong>et</strong>te annonce <strong>le</strong> détendit, peut-être parce que pour la<br />

première fois il se rendait compte que <strong>le</strong>s dés étaient j<strong>et</strong>és.<br />

Au crépuscu<strong>le</strong>, Ryōhei prit l’écriteau sous son bras <strong>et</strong><br />

s’avança fièrement dans la rue avec deux autres discip<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong><br />

placarder sur <strong>le</strong> Grand Pont de l’avenue Gojō.<br />

Au pied de la colline de Yoshida, l’homme à qui c<strong>et</strong> avis<br />

s’adressait marchait au milieu de samouraïs de nob<strong>le</strong> lignage <strong>et</strong><br />

de faib<strong>le</strong>s moyens. De tendances conservatrices, ils menaient<br />

une existence quelconque, <strong>et</strong> ne faisaient pas grand-chose de<br />

remarquab<strong>le</strong>.<br />

Musashi allait de portail en portail examiner <strong>le</strong>s noms<br />

inscrits sur <strong>le</strong>s plaques. Il finit par s’arrêter au milieu de la rue,<br />

peu désireux ou dans l’incapacité de regarder plus avant,<br />

549

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!