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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Je vais m’abstenir de te tuer, mais je crois que je vais te<br />

laisser ici te libérer tout seul, si tu y parviens.<br />

Sur une impulsion soudaine, Kojirō dégaina son poignard <strong>et</strong><br />

se mit à gratter l’écorce, au-dessus de la tête de Matahachi. Les<br />

copeaux tombaient dans <strong>le</strong> cou de ce dernier.<br />

— ... Il me faut quelque chose pour écrire, grogna Kojirō.<br />

— Il y a dans mon obi un nécessaire avec un pinceau <strong>et</strong> de<br />

l’encre, dit Matahachi, serviab<strong>le</strong>.<br />

— Bon ! Je te <strong>le</strong>s emprunte un instant.<br />

Kojirō encra <strong>le</strong> pinceau, puis écrivit sur la surface du tronc<br />

d’arbre dont il avait rasé l’écorce. Ensuite, il recula pour<br />

admirer son ouvrage. Cela disait : « C<strong>et</strong> homme est un<br />

imposteur qui, sous mon nom, a parcouru <strong>le</strong>s campagnes en<br />

comm<strong>et</strong>tant des actes déshonorants. Je l’ai attrapé, <strong>et</strong> <strong>le</strong> laisse<br />

ici pour être moqué par tous <strong>et</strong> par chacun. Mon nom véritab<strong>le</strong><br />

<strong>et</strong> mon nom de guerre, qui m’appartiennent, à moi <strong>et</strong> à nul<br />

autre, sont Sasaki Kojirō, Ganryū. »<br />

— ... Ça devrait al<strong>le</strong>r, dit avec satisfaction Kojirō.<br />

Dans la sombre forêt, <strong>le</strong> vent gémissait comme la marée.<br />

Kojirō s’éloigna en songeant à ses ambitions pour l’avenir, <strong>et</strong><br />

r<strong>et</strong>ourna à ses affaires du moment. Les yeux étincelants, il<br />

bondissait comme une panthère entre <strong>le</strong>s arbres.<br />

Le frère cad<strong>et</strong><br />

Depuis <strong>le</strong>s temps anciens, <strong>le</strong>s gens des classes supérieures<br />

pouvaient se faire transporter en palanquin ; mais ce n’était que<br />

depuis peu que <strong>le</strong>s gens du commun disposaient d’un modè<strong>le</strong><br />

simplifié. Ce n’était guère plus qu’un grand panier aux flancs<br />

bas, suspendu à une perche horizonta<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s porteurs ; pour<br />

éviter d’en choir, <strong>le</strong> passager devait s’agripper solidement à des<br />

courroies, devant <strong>et</strong> derrière. Les porteurs, qui psalmodiaient en<br />

mesure afin de marcher au pas, avaient tendance à traiter <strong>le</strong>urs<br />

clients comme des marchandises. Ceux qui choisissaient ce<br />

moyen de transport avaient intérêt à adapter <strong>le</strong>ur respiration au<br />

rythme des porteurs, surtout lorsqu’ils couraient.<br />

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