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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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paraissait aussi enthousiaste que si el<strong>le</strong>-même se fût préparée à<br />

sortir.<br />

— ... Allons, voyons, <strong>le</strong>quel de ces kimonos préférez-vous ?<br />

demanda-t-el<strong>le</strong>. C<strong>et</strong>te obi conviendra-t-el<strong>le</strong> ?<br />

Tout en babillant, el<strong>le</strong> s’affairait à sortir des obj<strong>et</strong>s pour<br />

Musashi comme s’il eût été son fils. El<strong>le</strong> choisit une<br />

bonbonnière laquée, un p<strong>et</strong>it <strong>sabre</strong> décoratif <strong>et</strong> une bourse en<br />

brocart ; ensuite, el<strong>le</strong> prit des pièces d’or dans <strong>le</strong> coffre <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

glissa dans la bourse.<br />

— Eh bien, dit Musashi avec à peine une ombre de<br />

contrariété, puisque vous insistez j’irai mais je ne serais pas à<br />

mon aise dans ces beaux atours. Je me contenterai de porter ce<br />

vieux kimono que j’ai sur moi. Je dors dedans quand je couche à<br />

la bel<strong>le</strong> étoi<strong>le</strong>. J’y suis habitué.<br />

— Vous n’en ferez rien ! dit Myōshū avec sévérité. Cela peut<br />

vous être égal à vous, mais songez aux autres. Dans ces jolies<br />

chambres, vous n’auriez l’air que d’un vieux chiffon sa<strong>le</strong>. Les<br />

hommes vont là pour se donner du bon temps <strong>et</strong> oublier <strong>le</strong>urs<br />

soucis. Ils veu<strong>le</strong>nt être entourés de bel<strong>le</strong>s choses. N’y voyez pas<br />

un déguisement destiné à vous faire paraître ce que vous n’êtes<br />

pas. De toute manière, ces vêtements sont loin d’être aussi<br />

raffinés que ceux de bien d’autres hommes ; ils ne sont que<br />

propres <strong>et</strong> n<strong>et</strong>s. Allons, m<strong>et</strong>tez-<strong>le</strong>s !<br />

Musashi obéit. Quand il fut habillé, Myōshū remarqua<br />

gaiement :<br />

— ... Là, vous voilà très élégant.<br />

Comme ils allaient partir, Kō<strong>et</strong>su s’approcha de l’autel<br />

domestique bouddhiste, sur <strong>le</strong>quel il alluma un cierge. Lui <strong>et</strong> sa<br />

mère étaient des dévots de la secte Nichiren.<br />

A l’entrée principa<strong>le</strong>, Myōshū avait disposé deux paires de<br />

sanda<strong>le</strong>s avec des lanières neuves. Tandis qu’ils <strong>le</strong>s chaussaient,<br />

el<strong>le</strong> chuchota avec un des serviteurs qui attendait pour fermer<br />

derrière eux la porte du devant.<br />

Kō<strong>et</strong>su fit ses adieux à sa mère, mais el<strong>le</strong> <strong>le</strong>va rapidement<br />

<strong>le</strong>s yeux vers lui en disant :<br />

— Attends un instant.<br />

Une expression inquiète lui creusait <strong>le</strong> visage.<br />

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.<br />

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