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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Vous ne vous amusez pas, n’est-ce pas ?<br />

— Euh... Crois-tu qu’eux s’amusent vraiment ? Je me <strong>le</strong><br />

demande.<br />

— Bien sûr que si ; c’est l’idée qu’ils se font du plaisir.<br />

— Ça m’échappe, quand je <strong>le</strong>s vois se comporter ainsi.<br />

— Ecoutez : pourquoi n’irions-nous pas dans un endroit<br />

plus tranquil<strong>le</strong> ? Moi aussi, j’en ai assez d’être ici.<br />

Seijūrō, l’air fort soulagé, accepta sur-<strong>le</strong>-champ.<br />

— J’aimerais al<strong>le</strong>r là où nous étions hier au soir.<br />

— Vous vou<strong>le</strong>z dire <strong>le</strong> Yomogi ?<br />

— Oui.<br />

— C’est beaucoup plus agréab<strong>le</strong>. Je me disais tout <strong>le</strong> temps<br />

que vous désiriez y al<strong>le</strong>r, mais ç’aurait été du gaspillage d’y<br />

emmener c<strong>et</strong>te bande d’ours mal léchés. Voilà pourquoi je <strong>le</strong>s ai<br />

amenés ici : c’est bon marché.<br />

— Alors, partons sans qu’ils nous voient. Ryōhei peut<br />

s’occuper des autres.<br />

— Faites semblant d’al<strong>le</strong>r aux toil<strong>et</strong>tes. Je vous rejoins dans<br />

quelques minutes.<br />

Seijūrō s’éclipsa adroitement. Nul ne s’en aperçut.<br />

Devant une maison peu éloignée, une femme, debout sur la<br />

pointe des pieds, tâchait d’accrocher une lanterne à son clou. Le<br />

vent ayant éteint la chandel<strong>le</strong>, la femme l’avait décrochée afin de<br />

la rallumer. Sa chevelure fraîchement lavée tombait éparse<br />

autour de son visage. Les mèches de cheveux <strong>et</strong> <strong>le</strong>s ombres de la<br />

lanterne dessinaient des motifs changeants sur ses bras tendus.<br />

Un léger parfum de f<strong>le</strong>urs de prunier flottait dans la brise du<br />

soir.<br />

— Okō ! Vou<strong>le</strong>z-vous que je vous aide ?<br />

— Oh ! c’est <strong>le</strong> Jeune Maître, dit-el<strong>le</strong> avec surprise.<br />

— Attendez une minute.<br />

Quand l’homme s’approcha, el<strong>le</strong> vit que ce n’était pas<br />

Seijūrō mais Tōji.<br />

— Ça va comme ça ? demanda-t-il.<br />

— Oui, parfait. Merci.<br />

Mais Tōji examina la lanterne, en conclut qu’el<strong>le</strong> était de<br />

travers, <strong>et</strong> l’accrocha de nouveau. Okō s’étonnait de la façon<br />

dont certains hommes, qui chez eux eussent carrément refusé<br />

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