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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— ... Ces instruments sont des shamisens. Ils constituent<br />

une version améliorée d’un instrument à trois cordes importé<br />

des î<strong>le</strong>s Ryukyu. L’on a composé pour eux un grand nombre de<br />

chansons nouvel<strong>le</strong>s, toutes ici même, dans ce quartier ; puis<br />

el<strong>le</strong>s se sont répandues parmi <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>. Ce qui vous montre<br />

l’influence de c<strong>et</strong> endroit.<br />

Ils s’engagèrent dans l’une des rues ; la vive lumière<br />

d’innombrab<strong>le</strong>s lampes <strong>et</strong> lanternes pendues aux sau<strong>le</strong>s se<br />

reflétait dans <strong>le</strong>s yeux de Musashi. Le quartier, lorsqu’on l’avait<br />

déplacé, avait gardé son vieux nom de Yanagimachi, la vil<strong>le</strong> des<br />

sau<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s sau<strong>le</strong>s étant de longue date associés à la boisson <strong>et</strong> au<br />

plaisir.<br />

Kō<strong>et</strong>su <strong>et</strong> Shōyū étaient bien connus dans l’établissement<br />

où ils entrèrent. Les salutations furent obséquieuses <strong>et</strong> pourtant<br />

amusées ; il apparut bientôt qu’en c<strong>et</strong> endroit ils portaient des<br />

surnoms. Kō<strong>et</strong>su était connu sous <strong>le</strong> nom de Mizuochi-sama —<br />

Monsieur Chute-d’eau – à cause des ruisseaux qui traversaient<br />

sa propriété ; Shōyū était Funabashi-sama — Monsieur Pont-debateaux<br />

– d’après un pont de bateaux situé près de chez lui.<br />

Si Musashi devenait un habitué, il acquerrait sûrement<br />

bientôt un surnom car, ici, peu de gens se présentaient sous <strong>le</strong>ur<br />

vrai nom. Hayashiya Yojibei n’était que <strong>le</strong> pseudonyme du<br />

propriétaire de la maison où ils se trouvaient ; mais <strong>le</strong> plus<br />

souvent on l’appelait Ōgiya, nom de l’établissement. Avec <strong>le</strong><br />

Kikyōya, c’était l’une des deux maisons <strong>le</strong>s plus célèbres du<br />

quartier, <strong>et</strong> même <strong>le</strong>s deux seu<strong>le</strong>s qui avaient la réputation<br />

d’être de tout premier ordre. A l’Ōgiya, la beauté régnante était<br />

Yoshino Dayū, au Kikyōya, Murogimi Dayū. En vil<strong>le</strong>, ces deux<br />

dames jouissaient d’une renommée qui n’avait d’éga<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong><br />

des plus grands daimyōs.<br />

Bien que Musashi s’efforçât de ne point paraître surpris, il<br />

était stupéfait de l’élégance de ce qui l’entourait, presque digne<br />

des plus opu<strong>le</strong>nts palais. Les plafonds réticulaires, <strong>le</strong>s traverses<br />

ajourées, aux sculptures décoratives, <strong>le</strong>s balustrades aux<br />

courbes exquises, <strong>le</strong>s jardins intérieurs raffinés – tout<br />

composait une fête pour l’œil. Absorbé dans la contemplation<br />

d’une peinture figurant sur <strong>le</strong> panneau de bois d’une porte,<br />

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