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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— ... Ai-je jamais parlé d’excuses envers c<strong>et</strong>te garce ?<br />

Comment pourrais-tu implorer <strong>le</strong> pardon de ce monstre femel<strong>le</strong>,<br />

qui t’a laissé tomber pour partir avec un autre homme ? Tu la<br />

verras, oui, mais présenter des excuses, non ! Maintenant,<br />

écoute-moi !<br />

Osugi <strong>le</strong> saisit des deux mains au coll<strong>et</strong>, <strong>et</strong> <strong>le</strong> secoua comme<br />

un prunier. Matahachi, la tête ballante, ferma <strong>le</strong>s yeux pour<br />

écouter humb<strong>le</strong>ment un long chapel<strong>et</strong> de réprimandes<br />

furieuses.<br />

— ... Quoi ? s’exclama-t-el<strong>le</strong>. Tu p<strong>le</strong>ures ? Tu aimes encore<br />

c<strong>et</strong>te gueuse assez pour qu’el<strong>le</strong> te fasse p<strong>le</strong>urer ? Si oui, tu n’es<br />

plus mon fils !<br />

En <strong>le</strong> j<strong>et</strong>ant à terre, el<strong>le</strong> s’effondra aussi. Durant plusieurs<br />

minutes, tous deux, assis là, p<strong>le</strong>urèrent. Mais l’aigreur d’Osugi<br />

ne pouvait rester longtemps absente. Se redressant, el<strong>le</strong> dit :<br />

— ... Au point où tu en es, tu dois prendre une décision. Je<br />

n’en ai peut-être plus pour bien longtemps à vivre. Et quand je<br />

serai morte, tu ne pourras plus par<strong>le</strong>r avec moi comme en ce<br />

moment, même si tu <strong>le</strong> désires... Réfléchis, Matahachi. Otsū<br />

n’est pas la seu<strong>le</strong> fil<strong>le</strong> qui soit au monde.<br />

Sa voix se calma.<br />

— ... Il ne faut pas t’attacher à un être qui s’est conduit<br />

comme el<strong>le</strong>. Trouve une jeune fil<strong>le</strong> qui te plaise <strong>et</strong> je te<br />

l’obtiendrai, dussé-je al<strong>le</strong>r faire cent visites à ses parents –<br />

dussé-je en mourir d’épuisement.<br />

Il restait sombre <strong>et</strong> si<strong>le</strong>ncieux.<br />

— ... Oublie Otsū, pour l’amour du nom de Hon’iden. Quoi<br />

que tu en penses, el<strong>le</strong> est inacceptab<strong>le</strong> du point de vue familial.<br />

Donc, si tu ne peux absolument pas te passer d’el<strong>le</strong>, alors, coupe<br />

ma vieil<strong>le</strong> tête. Après ça, tu pourras faire ce que tu voudras.<br />

Mais tant que je vivrai...<br />

— Tais-toi, mère !<br />

<strong>La</strong> vio<strong>le</strong>nce du ton de son fils la hérissa :<br />

— Quel<strong>le</strong> audace, d’é<strong>le</strong>ver la voix pour me par<strong>le</strong>r !<br />

— Simp<strong>le</strong> question : la femme que j’épouserai sera-t-el<strong>le</strong><br />

mon épouse ou la tienne ?<br />

— Quel<strong>le</strong> question stupide !<br />

— Pourquoi ne puis-je choisir moi-même ?<br />

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