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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Oh ! je suis si contente ! roucoula Okō, qui r<strong>et</strong>ourna vers<br />

<strong>le</strong> quai.<br />

A l’auberge, Seijūrō <strong>et</strong> <strong>le</strong>s autres avaient pris un bain,<br />

s’étaient douill<strong>et</strong>tement enveloppés dans <strong>le</strong>s kimonos doublés<br />

de coton fournis par l’établissement, <strong>et</strong> installés pour attendre <strong>le</strong><br />

r<strong>et</strong>our de Tōji <strong>et</strong> d’Okō. Comme au bout d’un moment ils ne<br />

paraissaient pas, quelqu’un déclara :<br />

— Ils arriveront quand ils arriveront. Il n’y a aucune raison<br />

de rester assis à ne rien faire.<br />

Conséquence naturel<strong>le</strong> de c<strong>et</strong>te déclaration : l’on commanda<br />

du saké. D’abord, on but seu<strong>le</strong>ment pour passer <strong>le</strong> temps, mais<br />

bientôt <strong>le</strong>s jambes s’allongèrent confortab<strong>le</strong>ment, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s coupes<br />

de saké se vidèrent plus vite. Chacun oublia plus ou moins Tōji<br />

<strong>et</strong> Okō.<br />

— Il n’y a donc pas de chanteuses, à Sumiyoshi ?<br />

— Quel<strong>le</strong> bonne idée ! Pourquoi ne ferions-nous pas venir<br />

trois ou quatre jolies fil<strong>le</strong>s ?<br />

Seijūrō parut hésiter ; quelqu’un lui suggéra de se r<strong>et</strong>irer<br />

avec Akemi dans une autre pièce plus tranquil<strong>le</strong>. Ce moyen peu<br />

subtil de se débarrasser de lui amena sur ses lèvres un sourire<br />

désenchanté ; il n’en fut pas moins content de céder la place. Ce<br />

serait beaucoup plus agréab<strong>le</strong> d’être seul dans une chambre en<br />

compagnie d’Akemi, avec un kotatsu bien chaud, que de boire<br />

avec c<strong>et</strong>te bande de brutes.<br />

Aussitôt qu’il eut quitté la pièce, la fête commença pour de<br />

bon ; avant longtemps, plusieurs chanteuses du type que l’on<br />

nommait loca<strong>le</strong>ment l’« orgueil de Tosamagawa » parurent<br />

dans <strong>le</strong> jardin, devant la chambre. Leurs flûtes <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs<br />

shamisens étaient vieux, de mauvaise qualité, délabrés par<br />

l’usage.<br />

— Pourquoi faites-vous tant de bruit ? demanda<br />

effrontément l’une des femmes. Etes-vous venus ici pour boire<br />

ou pour vous bagarrer ?<br />

L’homme qui s’était désigné comme étant <strong>le</strong> chef répliqua :<br />

— Ne pose pas de questions idiotes. Personne ne paie pour<br />

se battre ! Nous vous avons fait venir pour boire <strong>et</strong> prendre du<br />

bon temps.<br />

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