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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Si.<br />

— Je <strong>le</strong> pensais bien. Ma mère t’a créé beaucoup d’ennuis,<br />

n’est-ce pas ?<br />

Matahachi ignora la question.<br />

— Tu n’es pas encore mariée ? Tu as quelque chose de<br />

différent, je ne sais au juste quoi.<br />

— Après ton départ, Mère m’a fait la vie dure. J’ai patienté<br />

<strong>le</strong> plus longtemps possib<strong>le</strong>, parce qu’el<strong>le</strong> est ma mère. Mais l’an<br />

dernier, alors que nous étions à Sumiyoshi, je me suis enfuie.<br />

— El<strong>le</strong> a gâché nos deux vies, tu ne crois pas ? Mais attends<br />

un peu. En fin de compte, el<strong>le</strong> aura ce qu’el<strong>le</strong> mérite.<br />

— Même si el<strong>le</strong> ne l’a pas, ça m’est égal. Je voudrais<br />

seu<strong>le</strong>ment savoir ce que je vais faire désormais.<br />

— Moi aussi. L’avenir ne paraît pas très brillant. J’aimerais<br />

faire la paix avec Okō, mais je suppose que je me bornerai à<br />

l’imaginer.<br />

Cependant qu’ils gémissaient sur <strong>le</strong>urs difficultés, Osugi<br />

s’était affairée à ses préparatifs de voyage. A ce moment, el<strong>le</strong> fit<br />

claquer sa langue <strong>et</strong> dit sévèrement :<br />

— Matahachi ! Pourquoi restes-tu planté là à te lamenter<br />

avec une personne qui n’a rien à faire avec nous ? Viens<br />

m’aider !<br />

— Oui, mère.<br />

— Au revoir, Matahachi. A bientôt.<br />

L’air abattu <strong>et</strong> mal à l’aise, Akemi se hâta de partir. Bientôt,<br />

on alluma une lampe, <strong>et</strong> la servante parut avec <strong>le</strong>s plateaux du<br />

dîner <strong>et</strong> <strong>le</strong> saké. Mère <strong>et</strong> fils échangèrent des coupes sans<br />

regarder la note, posée entre eux sur <strong>le</strong> plateau. Les serviteurs,<br />

venus à tour de rô<strong>le</strong> présenter <strong>le</strong>urs respects, furent suivis par<br />

l’aubergiste en personne.<br />

— Ainsi, vous partez ce soir ? dit-il. Ç’a été un plaisir que de<br />

vous avoir aussi longtemps parmi nous. Je regr<strong>et</strong>te que nous<br />

n’ayons pu vous traiter comme vous <strong>le</strong> méritez. Nous espérons<br />

vous revoir à votre prochain séjour à Kyoto.<br />

— Merci, répondit Osugi. Il se peut fort bien que je<br />

revienne. Voyons, cela fait trois mois, n’est-ce pas... depuis la fin<br />

de l’année ?<br />

— Oui, à peu près. Vous al<strong>le</strong>z nous manquer.<br />

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