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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Au cours des vingt dernières années environ, la zone située<br />

entre l’étang de Sarusawa <strong>et</strong> <strong>le</strong> cours inférieur de la rivière Sai<br />

s’était bâtie de façon régulière ; il y avait là tout un fouillis de<br />

maisons, d’auberges <strong>et</strong> de boutiques neuves. Peu auparavant<br />

seu<strong>le</strong>ment, Okubo Nagayasu était venu gouverner la vil<strong>le</strong> pour<br />

<strong>le</strong> compte des Tokugawas, <strong>et</strong> avait établi à proximité ses locaux<br />

administratifs. Au centre de la vil<strong>le</strong> se trouvait l’établissement<br />

d’un Chinois que l’on disait être un descendant de Lin Hoching<br />

; il avait fait de si bonnes affaires avec ses boul<strong>et</strong>tes farcies<br />

qu’il était en train d’agrandir sa boutique en direction de l’étang.<br />

Musashi s’arrêta au milieu des lumières du quartier <strong>le</strong> plus<br />

animé, <strong>et</strong> se demanda où loger. Les auberges abondaient, mais il<br />

devait faire attention à ses dépenses ; en même temps, il désirait<br />

choisir un endroit qui ne fût pas trop éloigné du centre, pour<br />

perm<strong>et</strong>tre à Jōtarō de <strong>le</strong> trouver sans difficulté.<br />

Il venait de manger au temp<strong>le</strong> ; pourtant, l’odeur des<br />

boul<strong>et</strong>tes farcies lui donna faim de nouveau. Il entra dans la<br />

boutique, s’assit <strong>et</strong> s’en commanda toute une platée. Quand<br />

el<strong>le</strong>s arrivèrent, il observa que <strong>le</strong> nom de Lin était imprimé à la<br />

base des boul<strong>et</strong>tes. A la différence des marinades épicées du<br />

Hōzōin, <strong>le</strong>s boul<strong>et</strong>tes avaient un goût savoureux.<br />

<strong>La</strong> jeune fil<strong>le</strong> qui lui versait <strong>le</strong> thé lui demanda poliment :<br />

— Où avez-vous l’intention de loger ce soir ?<br />

Musashi, qui connaissait mal <strong>le</strong> quartier, sauta sur<br />

l’occasion d’exposer sa situation <strong>et</strong> de demander conseil. El<strong>le</strong> lui<br />

dit qu’un parent du patron tenait une pension de famil<strong>le</strong> où il<br />

serait <strong>le</strong> bienvenu ; <strong>et</strong>, sans attendre sa réponse, el<strong>le</strong> s’éloigna en<br />

trottinant. El<strong>le</strong> revint avec une femme assez jeune, dont <strong>le</strong>s<br />

sourcils rasés indiquaient qu’el<strong>le</strong> était mariée –<br />

vraisemblab<strong>le</strong>ment l’épouse du patron.<br />

<strong>La</strong> pension de famil<strong>le</strong> se trouvait dans une allée tranquil<strong>le</strong>,<br />

non loin du restaurant ; il semblait s’agir d’une demeure<br />

ordinaire qui accueillait parfois des hôtes. <strong>La</strong> patronne<br />

dépourvue de sourcils, qui lui avait montré <strong>le</strong> chemin, frappa<br />

légèrement à la porte, puis se tourna vers Musashi en<br />

murmurant :<br />

— C’est la maison de ma sœur aînée ; aussi, ne vous<br />

inquiétez pas des pourboires...<br />

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