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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Arrivée à la porte de sa chambre, el<strong>le</strong> se mit à cogner dessus<br />

de toutes ses forces.<br />

— Qui est là ? demanda-t-il de l’intérieur.<br />

— C’est moi... Otsū !<br />

— Qu’est-ce que tu fabriques, à être encore dehors ?<br />

Il ouvrit promptement la porte, <strong>et</strong> la considéra avec stupeur.<br />

Malgré <strong>le</strong>s vastes auvents, une douche de pluie tomba sur lui.<br />

— ... Entre vite ! s’écria-t-il en voulant lui saisir <strong>le</strong> bras, mais<br />

el<strong>le</strong> recula.<br />

— Non. Je suis venue pour te demander une faveur, <strong>et</strong> non<br />

pour me sécher. Je t’en supplie, Takuan, descends-<strong>le</strong> de c<strong>et</strong><br />

arbre !<br />

— Quoi ? Il n’en est pas question ! répondit-il, inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>.<br />

— Oh ! je t’en prie, Takuan, il <strong>le</strong> faut. Je t’en serai<br />

éternel<strong>le</strong>ment reconnaissante.<br />

El<strong>le</strong> tomba à genoux dans la boue, <strong>et</strong> <strong>le</strong>va des mains<br />

suppliantes.<br />

— ... Ne t’inquiète pas de moi, mais tu dois l’aider, lui ! Je<br />

t’en prie ! Tu ne peux tout bonnement <strong>le</strong> laisser mourir... tu ne<br />

<strong>le</strong> peux pas !<br />

Le bruit de la pluie torrentiel<strong>le</strong> couvrait presque sa voix<br />

p<strong>le</strong>ine de larmes. Avec ses mains qui restaient <strong>le</strong>vées devant<br />

el<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> ressemblait à un bouddhiste qui pratique des austérités<br />

en se tenant sous une chute d’eau glacée.<br />

— ... Je m’incline devant toi, Takuan. Je te supplie. Je ferai<br />

tout ce que tu voudras, mais je t’en prie, sauve-<strong>le</strong> !<br />

Takuan gardait <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce. Il avait <strong>le</strong>s yeux étroitement clos<br />

comme <strong>le</strong>s portes du sanctuaire où l’on garde un Bouddha<br />

secr<strong>et</strong>. Poussant un profond soupir, il <strong>le</strong>s rouvrit <strong>et</strong> lança feu <strong>et</strong><br />

flammes :<br />

— Va te coucher ! Immédiatement ! D’abord, tu es fragi<strong>le</strong>, <strong>et</strong><br />

rester dehors par ce temps est un suicide.<br />

— Oh ! je t’en prie, je t’en prie ! supplia-t-el<strong>le</strong>, la main<br />

tendue vers la porte.<br />

— Je me couche. Je te conseil<strong>le</strong> de faire la même chose.<br />

Sa voix était glacia<strong>le</strong>. <strong>La</strong> porte se referma en claquant.<br />

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