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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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D’ici là, vous-même devriez tâcher de <strong>le</strong> r<strong>et</strong>rouver pour <strong>le</strong><br />

ramener à la maison vivre auprès de vous comme un bon fils. Il<br />

s’agirait là d’un bien meil<strong>le</strong>ur moyen d’exprimer votre gratitude<br />

à vos ancêtres que de tenter de me couper <strong>le</strong> cou.<br />

Il passa la main sous <strong>le</strong>s nattes de roseaux, <strong>et</strong> coupa la corde<br />

avec un canif.<br />

— Tu par<strong>le</strong>s trop, Musashi ! Je n’ai que faire de tes conseils.<br />

Contente-toi de décider, dans ta stupide caboche, <strong>le</strong> parti que tu<br />

vas prendre. Vas-tu me tuer ou te laisser tuer ?<br />

Des veines b<strong>le</strong>u vif se gonflaient sur tout son visage tandis<br />

qu’el<strong>le</strong> se débattait pour émerger des nattes ; mais <strong>le</strong> temps<br />

qu’el<strong>le</strong> fût debout, Musashi traversait la rivière en sautant<br />

comme un hochequeue à travers <strong>le</strong>s rochers <strong>et</strong> <strong>le</strong>s hauts-fonds.<br />

En un clin d’œil, il atteignit l’autre bord, <strong>et</strong> grimpa au somm<strong>et</strong><br />

de la digue.<br />

Jōtarō l’aperçut <strong>et</strong> s’écria :<br />

— Vous voyez, Otsū ! Le voilà !<br />

Sans hésiter, l’enfant dévala la digue, <strong>et</strong> Otsū fit de même.<br />

Pour <strong>le</strong>s jambes agi<strong>le</strong>s de Jōtarō, rivière <strong>et</strong> montagnes n’étaient<br />

rien ; mais Otsū, à cause de son beau kimono, s’arrêta n<strong>et</strong> au<br />

bord de la rivière.<br />

Musashi se trouvait maintenant hors de vue, mais la jeune<br />

fil<strong>le</strong> restait là, s’époumonant à crier son nom.<br />

— Otsū ! répondit-on d’une direction imprévue.<br />

Osugi se trouvait à moins de trente mètres. En voyant de<br />

qui il s’agissait, Otsū poussa un cri, se couvrit quelques instants<br />

<strong>le</strong> visage de ses mains, <strong>et</strong> prit ses jambes à son cou. <strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> ne<br />

fut pas longue à la poursuivre, ses cheveux blancs flottant au<br />

vent.<br />

— Otsū ! cria-t-el<strong>le</strong> d’une voix capab<strong>le</strong> de fendre <strong>le</strong>s eaux de<br />

la rivière Kamo. Attends ! J’ai à te par<strong>le</strong>r.<br />

Dans l’esprit soupçonneux de la vieil<strong>le</strong> femme était déjà en<br />

train de prendre forme une explication de la présence d’Otsū.<br />

El<strong>le</strong> avait la conviction que Musashi l’avait ligotée parce<br />

qu’ayant rendez-vous avec la jeune fil<strong>le</strong>, ce jour-là, il avait<br />

souhaité <strong>le</strong> lui cacher. Puis, raisonnait-el<strong>le</strong>, Otsū avait dit<br />

quelque chose qui avait déplu au jeune homme, <strong>et</strong> il l’avait<br />

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