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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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el<strong>le</strong> eût préféré mourir que de demander quoi que ce fût à une<br />

Shimmen.<br />

<strong>La</strong> maison était distante d’environ un kilomètre <strong>et</strong> demi.<br />

Pareils à la famil<strong>le</strong> Hon’iden, <strong>le</strong>s Shimmen étaient des<br />

gentilshommes campagnards, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s deux maisons descendaient,<br />

à maintes générations en arrière, du clan Akamatsu. Situées de<br />

part <strong>et</strong> d’autre de la rivière, el<strong>le</strong>s avaient toujours tacitement<br />

reconnu <strong>le</strong> droit à l’existence l’une de l’autre, mais <strong>le</strong>ur intimité<br />

se bornait là.<br />

En arrivant au portail du devant, el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> trouvèrent clos, <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>s arbres étaient si épais que l’on ne pouvait distinguer aucune<br />

lumière. Otsū se disposait à faire <strong>le</strong> tour vers la porte de<br />

derrière, mais Osugi stoppa n<strong>et</strong> avec un entêtement de mu<strong>le</strong>.<br />

— Je ne crois pas qu’il soit décent, pour <strong>le</strong> chef de famil<strong>le</strong><br />

Hon’iden, de pénétrer par la p<strong>et</strong>ite porte dans la résidence des<br />

Shimmen. C’est dégradant.<br />

Voyant qu’el<strong>le</strong> n’en démordrait pas, Otsū se dirigea seu<strong>le</strong><br />

vers l’entrée de derrière. Bientôt, une lumière apparut derrière<br />

<strong>le</strong> portail, tout près. Ogin en personne était venue accueillir la<br />

femme plus âgée qui, soudain passée de l’état de commère qui<br />

laboure <strong>le</strong>s champs à celui de grande dame, s’adressa d’un ton<br />

altier à son hôtesse :<br />

— Pardonnez-moi de vous déranger à c<strong>et</strong>te heure tardive,<br />

mais je viens pour une affaire qui ne souffrait absolument pas<br />

d’attendre. Que c’est aimab<strong>le</strong> à vous de venir ainsi m’accueillir !<br />

Passant majestueusement devant Ogin afin de pénétrer<br />

dans la demeure, el<strong>le</strong> alla droit à la place d’honneur, devant<br />

l’alcôve, comme une envoyée des dieux. Assise avec fierté, la<br />

silhou<strong>et</strong>te encadrée par un rou<strong>le</strong>au pendu au mur <strong>et</strong> par un<br />

arrangement floral, el<strong>le</strong> daigna agréer <strong>le</strong>s plus sincères paro<strong>le</strong>s<br />

de bienvenue d’Ogin.<br />

Ces civilités une fois terminées, Osugi alla droit au but. Son<br />

sourire factice disparut ; el<strong>le</strong> foudroya du regard la jeune femme<br />

qu’el<strong>le</strong> avait devant el<strong>le</strong>.<br />

— On m’a dit que <strong>le</strong> jeune démon qui habite c<strong>et</strong>te maison<br />

était rentré sournoisement. Veuil<strong>le</strong>z al<strong>le</strong>r me <strong>le</strong> chercher.<br />

Osugi avait beau être célèbre pour sa langue acérée, c<strong>et</strong>te<br />

méchanc<strong>et</strong>é sans fard causa un certain choc à la douce Ogin.<br />

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