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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Le fils du prêtre du sanctuaire de Sumiyoshi se trouve-t-il<br />

à bord ?<br />

— Y a-t-il un coursier ?<br />

— Maître ! Nous voilà, par ici !<br />

Comme une vague, des lampions portant <strong>le</strong>s noms de<br />

diverses auberges roulèrent à travers <strong>le</strong> bassin vers <strong>le</strong> bateau,<br />

tandis que rivalisaient <strong>le</strong>s rabatteurs.<br />

— Quelqu’un pour l’auberge Kashiwaya ?<br />

Le jeune homme au singe sur l’épau<strong>le</strong> se frayait un chemin à<br />

travers la fou<strong>le</strong>.<br />

— Venez chez nous, monsieur : nous ne vous prendrons rien<br />

pour <strong>le</strong> singe.<br />

— Nous sommes juste en face du sanctuaire de Sumiyoshi.<br />

C’est un grand centre de pè<strong>le</strong>rinage. Vous pouvez avoir une<br />

magnifique chambre avec une vue sp<strong>le</strong>ndide !<br />

Nul n’était venu attendre l’ado<strong>le</strong>scent. Il s’éloigna aussitôt<br />

du quai sans prêter attention aux rabatteurs ni à qui que ce fût.<br />

— Pour qui se prend-il ? gronda un passager. Tout ça, parce<br />

qu’il a quelques notions d’escrime !<br />

— Si je n’étais simp<strong>le</strong> bourgeois, il ne s’en serait pas tiré<br />

sans une bonne bagarre.<br />

— Oh ! calme-toi ! <strong>La</strong>isse donc <strong>le</strong>s guerriers se croire<br />

supérieurs à tout <strong>le</strong> monde. Ils ne sont heureux que lorsqu’ils se<br />

pavanent partout comme des rois. Ce que nous devons faire,<br />

nous autres bourgeois, c’est de <strong>le</strong>s laisser avoir <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs tandis<br />

que nous prenons <strong>le</strong>s fruits. A quoi bon s’agiter sur <strong>le</strong> p<strong>et</strong>it<br />

incident d’aujourd’hui ?<br />

Tout en continuant à par<strong>le</strong>r ainsi, <strong>le</strong>s marchands<br />

surveillaient <strong>le</strong> rassemb<strong>le</strong>ment de <strong>le</strong>urs montagnes de bagages,<br />

puis débarquaient accueillis par la fou<strong>le</strong> <strong>et</strong> un enchevêtrement<br />

de lanternes <strong>et</strong> de véhicu<strong>le</strong>s. Tous étaient entourés aussitôt par<br />

plusieurs femmes p<strong>le</strong>ines de sollicitude.<br />

<strong>La</strong> dernière personne à quitter <strong>le</strong> bateau fut Gion Tōji, dont<br />

<strong>le</strong> visage exprimait un malaise extrême. Jamais de toute son<br />

existence il n’avait passé journée plus désagréab<strong>le</strong>. Sa tête était<br />

décemment couverte d’un foulard, pour cacher la perte<br />

mortifiante de son toup<strong>et</strong>, mais ce linge ne dissimulait ni ses<br />

sourcils abattus ni ses lèvres mornes.<br />

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