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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Il se demanda ce que cela pouvait bien vouloir dire. « Si un<br />

samouraï qui cultive <strong>le</strong> jardin du château est capab<strong>le</strong> de faire<br />

une entail<strong>le</strong> comme cel<strong>le</strong>-ci, alors <strong>le</strong> niveau de la Maison de<br />

Yagyū doit être encore plus é<strong>le</strong>vé que je ne pensais. »<br />

Sa confiance l’abandonna soudain. « Je suis encore bien<br />

loin d’être prêt. »<br />

Mais peu à peu, il reprit espoir. « En tout cas, <strong>le</strong>s gens de<br />

Yagyū sont des adversaires dignes de moi. Si je perds, je puis<br />

tomber à <strong>le</strong>urs pieds <strong>et</strong> accepter de bonne grâce la défaite. J’ai<br />

déjà décidé que j’étais prêt à affronter n’importe quoi, même la<br />

mort. » Assis là, à rassemb<strong>le</strong>r son courage, il sentait qu’il se<br />

réchauffait.<br />

Mais comment procéder ? Même si un étudiant se<br />

présentait à sa porte avec une introduction en bonne <strong>et</strong> due<br />

forme, il paraissait peu vraisemblab<strong>le</strong> que Sekishūsai acceptât<br />

une rencontre. L’aubergiste l’avait dit. Or, Munenori <strong>et</strong> Hyōgo<br />

se trouvant tous deux absents, il n’y avait personne à défier que<br />

Sekishūsai lui-même.<br />

Il essaya de nouveau d’inventer un moyen de se faire<br />

adm<strong>et</strong>tre au château. Ses yeux r<strong>et</strong>ournèrent à la f<strong>le</strong>ur, dans<br />

l’alcôve, <strong>et</strong> l’image d’une personne que la f<strong>le</strong>ur lui rappelait<br />

inconsciemment commença de se former. Imaginer <strong>le</strong> visage<br />

d’Otsū calma son esprit <strong>et</strong> apaisa ses nerfs.<br />

Otsū el<strong>le</strong>-même était fort avancée sur <strong>le</strong> chemin du r<strong>et</strong>our<br />

au château de Koyagyū quand soudain, el<strong>le</strong> entendit derrière<br />

el<strong>le</strong> un cri rauque. S’étant r<strong>et</strong>ournée, el<strong>le</strong> vit un enfant sortir<br />

d’une touffe d’arbres, au pied d’une falaise. Il était clair qu’il<br />

cherchait à la rattraper ; <strong>le</strong>s enfants de la région étant beaucoup<br />

trop timides pour accoster une jeune femme tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong>-même,<br />

par curiosité pure el<strong>le</strong> arrêta son cheval.<br />

Jōtarō était nu comme un ver. Il avait <strong>le</strong>s cheveux mouillés,<br />

<strong>et</strong> ses vêtements roulés en bouchon sous un bras. Insoucieux de<br />

sa nudité, il déclara :<br />

— Vous êtes la dame à la flûte. Vous séjournez encore ici ?<br />

Ayant considéré <strong>le</strong> cheval avec répulsion, il regardait Otsū<br />

droit dans <strong>le</strong>s yeux.<br />

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