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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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comme c’était la fin de l’année « <strong>et</strong> ainsi de suite », comme il<br />

disait, il se demandait si el<strong>le</strong> aurait la bonté d’interrompre ses<br />

<strong>le</strong>çons de flûte <strong>et</strong> de quitter la Maison des Vierges.<br />

Otsū accepta promptement, non qu’el<strong>le</strong> se reconnût<br />

coupab<strong>le</strong>, mais parce qu’el<strong>le</strong> n’avait pas eu l’intention de rester,<br />

<strong>et</strong> ne voulait point provoquer d’ennuis, surtout à maître<br />

Arakida. Malgré son ressentiment devant la fauss<strong>et</strong>é des<br />

commérages, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> remercia des bontés qu’il avait eues pour<br />

el<strong>le</strong> au cours de son séjour, <strong>et</strong> lui déclara qu’el<strong>le</strong> partirait dans la<br />

journée.<br />

— Oh ! ce n’est pas urgent à ce point, lui assura-t-il en<br />

tendant la main vers sa p<strong>et</strong>ite bibliothèque où il prit de l’argent<br />

qu’il enveloppa dans du papier.<br />

Jōtarō, <strong>le</strong>quel avait suivi Otsū, choisit ce moment pour<br />

passer la tête à l’intérieur de la véranda, <strong>et</strong> chuchoter :<br />

— Si vous partez, je vous accompagne. De toute façon, j’en<br />

ai assez de ratisser <strong>le</strong>ur vieux jardin.<br />

— Voici un p<strong>et</strong>it cadeau, dit Arakida. Ce n’est pas grandchose,<br />

mais prenez-<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> voyage.<br />

Et il lui tendit <strong>le</strong> paqu<strong>et</strong> renfermant quelques pièces d’or.<br />

Otsū refusa d’y toucher. L’air choqué, el<strong>le</strong> lui répondit<br />

qu’el<strong>le</strong> ne méritait pas d’être payée pour avoir donné des <strong>le</strong>çons<br />

de flûte aux jeunes fil<strong>le</strong>s ; c’était plutôt el<strong>le</strong> qui devrait payer<br />

pour sa nourriture <strong>et</strong> son logement.<br />

— Non, répliqua-t-il. Impossib<strong>le</strong> de vous prendre de<br />

l’argent ; mais j’aimerais que vous fissiez quelque chose pour<br />

moi si par hasard vous al<strong>le</strong>z à Kyoto. Considérez c<strong>et</strong> argent<br />

comme une rétribution pour ce service.<br />

— Je serai heureuse de faire tout ce que vous me<br />

demanderez, mais votre gentil<strong>le</strong>sse est un salaire suffisant.<br />

Arakida se tourna vers Jōtarō en disant :<br />

— Et pourquoi est-ce que je ne lui donnerais pas l’argent, à<br />

lui ? Il pourra faire vos achats en route.<br />

— Merci, dit Jōtarō qui ne fut pas long à tendre la main vers<br />

<strong>le</strong> paqu<strong>et</strong>.<br />

A la réf<strong>le</strong>xion, il regarda Otsū <strong>et</strong> demanda :<br />

— ... Je peux, n’est-ce pas ?<br />

Devant <strong>le</strong> fait accompli, el<strong>le</strong> céda <strong>et</strong> remercia Arakida.<br />

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