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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Mais comment diab<strong>le</strong> se sont-ils connus ? Je crois que je devrais<br />

avertir Otsū ! »<br />

Il regarda dans la rue <strong>et</strong> par-dessus la rambarde ; pas trace<br />

d’Otsū.<br />

<strong>La</strong> veil<strong>le</strong> au soir, sûre de rencontrer Musashi <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain,<br />

cel<strong>le</strong>-ci s’était lavé <strong>le</strong>s cheveux <strong>et</strong> avait veillé tard pour <strong>le</strong>s coiffer<br />

comme il convenait. Puis el<strong>le</strong> avait revêtu un kimono donné par<br />

la famil<strong>le</strong> Karasumaru, <strong>et</strong>, avant l’aube, s’était mise en route<br />

pour faire ses dévotions au sanctuaire de Gion <strong>et</strong> à<br />

Kiyomizudera, avant de se rendre avenue Gojō. Jōtarō avait<br />

voulu l’accompagner, mais el<strong>le</strong> avait refusé. Un autre jour, c’eût<br />

été parfait, avait-el<strong>le</strong> expliqué, mais ce jour-là Jōtarō l’eût<br />

gênée.<br />

— Reste ici, avait-el<strong>le</strong> déclaré. D’abord, je veux par<strong>le</strong>r seu<strong>le</strong><br />

à Musashi. Tu peux nous rejoindre au pont quand il fera jour,<br />

mais prends ton temps. Et ne t’inquiète pas : je te prom<strong>et</strong>s de t’y<br />

attendre avec Musashi.<br />

Cela avait beaucoup fâché Jōtarō. Non seu<strong>le</strong>ment il était en<br />

âge de comprendre <strong>le</strong>s sentiments d’Otsū mais il n’ignorait pas<br />

l’attrait mutuel qu’éprouvaient <strong>le</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s femmes. Il<br />

n’avait pas oublié ses ébats dans la pail<strong>le</strong> avec Kocha, à<br />

Koyagyū. Pourtant, il ne comprenait toujours pas pourquoi une<br />

adulte comme Otsū broyait du noir <strong>et</strong> p<strong>le</strong>urait tout <strong>le</strong> temps<br />

pour un homme.<br />

Il avait beau chercher, il ne trouvait pas Otsū. Tandis qu’il<br />

s’agitait, Musashi <strong>et</strong> Akemi se rendirent à l’extrémité du pont,<br />

vraisemblab<strong>le</strong>ment pour être moins visib<strong>le</strong>s. Musashi croisa <strong>le</strong>s<br />

bras, <strong>et</strong> s’appuya au garde-fou. Akemi, à côté de lui, regardait la<br />

rivière. Ils ne remarquèrent pas Jōtarō lorsqu’il passa<br />

furtivement de l’autre côté du pont.<br />

« Pourquoi donc m<strong>et</strong>-el<strong>le</strong> autant de temps ? Combien<br />

durent <strong>le</strong>s prières à Kannon ? » Grommelant entre ses dents,<br />

Jōtarō, dressé sur la pointe des pieds, se fatiguait <strong>le</strong>s yeux à<br />

scruter la colline au bout de l’avenue Gojō.<br />

A une dizaine de pas de l’endroit où il se tenait, il y avait<br />

quatre ou cinq sau<strong>le</strong>s défeuillés. Souvent, une bande de hérons<br />

blancs se rassemblaient là, au bord de la rivière, pour pêcher,<br />

mais ce jour-là on n’en voyait aucun. Un jeune homme avec une<br />

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