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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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derrière, <strong>et</strong> la cour se trouvait séparée du jardin bien entr<strong>et</strong>enu<br />

de l’Ogiya.<br />

— Par ici, dirent <strong>le</strong>s fill<strong>et</strong>tes en <strong>le</strong>s menant à une sal<strong>le</strong> au sol<br />

en terre battue, dont <strong>le</strong>s murs <strong>et</strong> <strong>le</strong>s montants étaient noirs de<br />

suie.<br />

Rin’ya annonça <strong>le</strong>ur arrivée, <strong>et</strong> de l’intérieur Yoshino Dayū<br />

répondit :<br />

— Soyez <strong>le</strong>s bienvenus ! Entrez, je vous prie.<br />

Dans l’âtre, <strong>le</strong> feu proj<strong>et</strong>ait sur <strong>le</strong> papier du shoji une douce<br />

lueur rouge. On se serait cru très loin de la grand-vil<strong>le</strong>. Les<br />

hommes, en regardant autour d’eux, dans la cuisine,<br />

remarquèrent, pendues à un mur, des capes à pluie en pail<strong>le</strong>, <strong>et</strong><br />

se demandèrent quel genre de réception Yoshino <strong>le</strong>ur avait<br />

réservée. Le shoji s’ouvrit en glissant ; un par un, ils grimpèrent<br />

dans la sal<strong>le</strong> où se trouvait l’âtre.<br />

Yoshino portait un kimono jaune pâ<strong>le</strong>, uni, une obi de satin<br />

noir. Son maquillage se réduisait au minimum, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> s’était<br />

recoiffée à la mode simp<strong>le</strong> des ménagères. Ses invités la<br />

contemplaient avec admiration.<br />

— Comme c’est original !<br />

— Comme c’est charmant !<br />

Dans ses vêtements sans prétention qui ressortaient sur <strong>le</strong>s<br />

murs noircis, Yoshino se révélait cent fois plus bel<strong>le</strong> que dans<br />

<strong>le</strong>s costumes de sty<strong>le</strong> Momoyama, aux broderies compliquées,<br />

qu’el<strong>le</strong> portait en d’autres temps. Les kimonos voyants auxquels<br />

étaient habitués <strong>le</strong>s hommes, <strong>le</strong> rouge à lèvres chatoyant, <strong>le</strong><br />

décor de paravents d’or <strong>et</strong> de candélabres d’argent, étaient<br />

nécessaires pour une femme qui exerçait son métier. Mais<br />

Yoshino n’avait pas besoin d’accessoires pour rehausser sa<br />

beauté.<br />

— Hum ! fit Shōyū, voilà quelque chose de tout à fait<br />

extraordinaire.<br />

Il n’était pas homme à décerner des louanges à la légère, <strong>et</strong><br />

sa langue acerbe parut temporairement domptée.<br />

Sans distribuer de coussins, Yoshino <strong>le</strong>s invita à s’asseoir<br />

auprès du foyer.<br />

— J’habite ici, comme vous voyez, <strong>et</strong> n’ai pas grand-chose à<br />

vous offrir, mais du moins y a-t-il du feu. J’espère que vous<br />

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