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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Il chantait encore, quand l’arrivée de Denshichirō <strong>et</strong> de ses<br />

compagnons fit déta<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s chiens. Matahachi, qui avait renoncé<br />

à toute dignité, cria :<br />

— Au secours ! Sauvez-moi !<br />

— J’ai vu ce type au Yomogi, dit l’un des samouraïs.<br />

— Oui, c’est <strong>le</strong> mari d’Okō.<br />

— Le mari ? Il paraît qu’el<strong>le</strong> n’a pas de mari.<br />

— C’est l’histoire qu’el<strong>le</strong> a racontée à Tōji.<br />

Denshichirō, prenant Matahachi en pitié, <strong>le</strong>ur ordonna de<br />

cesser <strong>le</strong>urs commérages <strong>et</strong> de <strong>le</strong> libérer.<br />

En réponse à <strong>le</strong>urs questions, Matahachi forgea une histoire<br />

où ses solides qualités jouaient un rô<strong>le</strong> éminent, <strong>et</strong> où ses<br />

faib<strong>le</strong>sses n’en jouaient aucun. Profitant du fait qu’il s’adressait<br />

à des partisans de l’éco<strong>le</strong> Yoshioka, il cita <strong>le</strong> nom de Musashi. Ils<br />

avaient été des amis d’enfance, révéla-t-il, jusqu’à ce que<br />

Musashi eût en<strong>le</strong>vé sa fiancée <strong>et</strong> couvert sa famil<strong>le</strong> d’une honte<br />

sans nom. Sa vaillante mère avait fait vœu de ne pas r<strong>et</strong>ourner<br />

chez el<strong>le</strong> ; cel<strong>le</strong>-ci <strong>et</strong> lui-même se consacraient à la recherche de<br />

Musashi, qu’ils voulaient supprimer. Quant à être <strong>le</strong> mari d’Okō,<br />

c’était loin d’être la vérité. Son long séjour à la maison de thé<br />

Yomogi n’était pas dû à une quelconque liaison personnel<strong>le</strong> avec<br />

la patronne ; la preuve : el<strong>le</strong> s’était éprise de Gion Tōji.<br />

Ensuite, il expliqua pourquoi il se trouvait lié à un arbre. Il<br />

avait été attaqué par une bande de vo<strong>le</strong>urs qui lui avaient<br />

dérobé son argent. Il n’avait pas opposé de résistance, bien sûr :<br />

à cause de ses obligations envers sa mère il devait éviter <strong>le</strong>s<br />

b<strong>le</strong>ssures.<br />

Espérant qu’ils prenaient tout cela pour argent comptant,<br />

Matahachi <strong>le</strong>ur dit :<br />

— Merci. J’ai <strong>le</strong> sentiment que <strong>le</strong> destin nous lie. Nous<br />

considérons un certain homme comme notre ennemi commun,<br />

un ennemi avec <strong>le</strong>quel nous ne saurions vivre sous <strong>le</strong> même ciel.<br />

Ce soir, vous êtes arrivés juste au bon moment. Je vous en aurai<br />

une éternel<strong>le</strong> reconnaissance... A votre aspect, monsieur, je<br />

croirais volontiers que vous êtes Denshichirō. Je suis certain<br />

que vous avez l’intention de rencontrer Musashi. Lequel de nous<br />

<strong>le</strong> tuera <strong>le</strong> premier, je ne saurais <strong>le</strong> dire, mais j’espère que j’aurai<br />

l’occasion de vous revoir.<br />

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