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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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<strong>le</strong>ur aide, pouvaient se montrer serviab<strong>le</strong>s <strong>et</strong> respectueux dans<br />

une maison comme la sienne. Souvent, ils ouvraient ou<br />

fermaient eux-mêmes <strong>le</strong>s fenêtres, sortaient <strong>le</strong>urs propres<br />

coussins, accomplissaient mil<strong>le</strong> autres p<strong>et</strong>ites corvées qu’ils<br />

n’auraient jamais songé à faire sous <strong>le</strong>ur propre toit.<br />

Tōji, feignant de n’avoir pas entendu, introduisit son maître<br />

dans la maison.<br />

Seijūrō, dès qu’il fut assis, s’exclama :<br />

— Quel calme !<br />

— Je vais ouvrir la porte sur la véranda, dit Tōji.<br />

Au-dessous de l’étroite véranda murmuraient <strong>le</strong>s eaux de la<br />

rivière Takase. Vers <strong>le</strong> sud, au-delà du p<strong>et</strong>it pont de l’avenue<br />

Sanjō, s’étendait <strong>le</strong> vaste quartier du Zuisenin, <strong>le</strong> sombre<br />

secteur de Teramachi – la « Vil<strong>le</strong> des Temp<strong>le</strong>s » — <strong>et</strong> un champ<br />

de miscanthus. On était près de Kayahara, où <strong>le</strong>s troupes de<br />

Totomi Hideyoshi avaient tué la femme, <strong>le</strong>s concubines <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

enfants de son neveu, <strong>le</strong> régent assassin Hid<strong>et</strong>sugu, événement<br />

encore frais dans beaucoup de mémoires.<br />

Tōji commençait de s’agiter.<br />

— C’est encore trop calme. Où <strong>le</strong>s femmes se cachent-el<strong>le</strong>s ?<br />

El<strong>le</strong>s n’ont pas l’air d’avoir d’autres clients, ce soir. Je me<br />

demande ce que fait Okō. El<strong>le</strong> ne nous a même pas apporté<br />

notre thé.<br />

Incapab<strong>le</strong> d’attendre plus longtemps, il alla voir pourquoi<br />

l’on n’avait pas servi <strong>le</strong> thé.<br />

En sortant sur la véranda, il faillit se heurter à Akemi,<br />

chargée d’un plateau laqué d’or. <strong>La</strong> cloch<strong>et</strong>te qui se trouvait<br />

dans son obi tinta tandis qu’el<strong>le</strong> s’écriait :<br />

— Attention ! Vous al<strong>le</strong>z me faire renverser <strong>le</strong> thé !<br />

— Pourquoi es-tu si longue à l’apporter ? Le Jeune Maître<br />

est là ; je croyais que tu l’aimais bien.<br />

— Regardez, j’en ai renversé. C’est votre faute. Al<strong>le</strong>z me<br />

chercher un chiffon.<br />

— Ha ! ha ! Voyez l’effrontée ! Où est Okō ?<br />

— En train de se maquil<strong>le</strong>r, bien sûr.<br />

— Tu veux dire qu’el<strong>le</strong> n’a pas encore fini ?<br />

— Mon Dieu, nous avons été occupées, pendant la journée.<br />

— <strong>La</strong> journée ? Qui avez-vous reçu, pendant la journée ?<br />

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