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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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<strong>La</strong> servante sortit de la maison, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s deux femmes<br />

chuchotèrent entre el<strong>le</strong>s durant quelques instants.<br />

Apparemment satisfaite, la servante mena Musashi au<br />

deuxième étage.<br />

<strong>La</strong> chambre <strong>et</strong> son mobilier étaient trop luxueux pour une<br />

auberge ordinaire, ce qui rendit Musashi un peu mal à son aise.<br />

Il se demanda pourquoi une maison aussi cossue prenait des<br />

pensionnaires, <strong>et</strong> interrogea là-dessus la servante ; mais el<strong>le</strong> se<br />

contenta de sourire sans répondre. Comme il avait déjà dîné, il<br />

prit son bain <strong>et</strong> se coucha ; mais la question lui trottait encore<br />

dans la tête au moment où il s’endormit.<br />

Le <strong>le</strong>ndemain matin, il dit à la servante :<br />

— Quelqu’un doit venir me voir. Puis-je rester un jour ou<br />

deux jusqu’à son arrivée ?<br />

— Bien entendu, répondit-el<strong>le</strong>, sans même interroger làdessus<br />

la maîtresse de maison, qui vint bientôt <strong>le</strong> saluer el<strong>le</strong>même.<br />

C’était une bel<strong>le</strong> femme d’une trentaine d’années, au teint<br />

satiné. Quand Musashi tenta de satisfaire sa curiosité sur la<br />

question de savoir pourquoi el<strong>le</strong> acceptait des pensionnaires,<br />

el<strong>le</strong> répondit en riant :<br />

— A vrai dire, je suis veuve – mon mari était un acteur de<br />

Nō du nom de Kanze –, <strong>et</strong> j’ai peur de rester sans un homme à<br />

la maison, avec tous ces rōnins grossiers dans <strong>le</strong>s parages.<br />

Ensuite, el<strong>le</strong> expliqua que <strong>le</strong>s rues avaient beau fourmil<strong>le</strong>r<br />

de débits de boissons <strong>et</strong> de prostituées, bon nombre de<br />

samouraïs indigents ne se contentaient pas de ces distractions.<br />

Ils soutiraient des renseignements à la jeunesse loca<strong>le</strong>, <strong>et</strong><br />

s’attaquaient aux maisons où il n’y avait pas d’homme. Ils<br />

appelaient cela « al<strong>le</strong>r voir <strong>le</strong>s veuves ».<br />

— En d’autres termes, dit Musashi, vous prenez des gens<br />

comme moi pour vous servir de gardes du corps ; je me<br />

trompe ?<br />

— Mon Dieu, répondit-el<strong>le</strong> en souriant, comme je vous l’ai<br />

dit, il n’y a pas d’homme à la maison. Croyez bien que vous êtes<br />

libre de rester aussi longtemps que vous <strong>le</strong> voudrez.<br />

— Je vous comprends parfaitement. J’espère que vous vous<br />

sentirez en sécurité tant que je serai là. Je n’ai qu’une seu<strong>le</strong><br />

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