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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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A Yagyū, <strong>le</strong>s débutants n’étaient pas autorisés à se servir de<br />

<strong>sabre</strong>s de bois. A la place, ils utilisaient un bâton spécia<strong>le</strong>ment<br />

conçu pour <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> Shinkage. Ce long <strong>et</strong> mince sac de cuir,<br />

bourré de segments de bambou, était en fait un bâton de cuir,<br />

sans poignée ni garde. Bien que moins dangereux qu’un <strong>sabre</strong><br />

de bois, il pouvait tout de même arracher une oreil<strong>le</strong> ou m<strong>et</strong>tre<br />

un nez en marmelade. Le combattant avait <strong>le</strong> droit de s’attaquer<br />

à n’importe quel<strong>le</strong> partie du corps. Abattre un adversaire d’un<br />

coup horizontal aux jambes était permis, <strong>et</strong> aucune règ<strong>le</strong><br />

n’interdisait de frapper un homme à terre.<br />

— Al<strong>le</strong>z ! Continuez ! Comme la dernière fois ! ordonnait<br />

Kizaemon.<br />

L’usage, ici, voulait qu’un homme ne fût pas quitte aussi<br />

longtemps qu’il tenait encore debout. On menait surtout la vie<br />

dure aux débutants ; jamais on ne <strong>le</strong>s complimentait, <strong>et</strong> ils<br />

avaient droit à une bonne quantité d’injures. A cause de cela, <strong>le</strong>s<br />

samouraïs ordinaires savaient qu’entrer au service de la Maison<br />

de Yagyū ne devait pas être pris à la légère. Les nouveaux venus<br />

restaient rarement longtemps, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s hommes alors au service de<br />

Yagyū étaient triés sur <strong>le</strong> vol<strong>et</strong>. Les simp<strong>le</strong>s fantassins <strong>et</strong><br />

pa<strong>le</strong>freniers eux-mêmes avaient un peu étudié l’art du <strong>sabre</strong>.<br />

Shōda Kizaemon était, cela va sans dire, un escrimeur<br />

accompli : tout jeune, il avait acquis la maîtrise du sty<strong>le</strong><br />

Shinkage ; puis, sous la tutel<strong>le</strong> de Sekishūsai lui-même, il avait<br />

appris <strong>le</strong>s secr<strong>et</strong>s du sty<strong>le</strong> Yagyū. A quoi il avait ajouté certaines<br />

techniques personnel<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> maintenant il parlait fièrement du<br />

« véritab<strong>le</strong> sty<strong>le</strong> Shōda ».<br />

Le dresseur de chevaux de Yagyū, Kimura Sukekurō, était<br />

lui aussi un adepte, de même que Murata Yozō qui, bien que<br />

magasinier, passait pour avoir été un bon partenaire de Hyōgo.<br />

Debuchi Magobei, autre employé assez subalterne, avait étudié<br />

l’escrime depuis l’enfance, <strong>et</strong> était une très fine lame. Le<br />

seigneur d’Echizen avait tenté de convaincre Debuchi d’entrer à<br />

son service, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Tokugawas de Kii avaient essayé d’attirer<br />

Murata, mais tous deux avaient choisi de rester à Yagyū malgré<br />

de moindres profits matériels.<br />

<strong>La</strong> Maison de Yagyū, maintenant au comb<strong>le</strong> de sa fortune,<br />

produisait un flot apparemment sans fin de grands hommes<br />

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