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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Bien entendu que c’était à moi !<br />

— Je regr<strong>et</strong>te.<br />

— Tu regr<strong>et</strong>tes ? A quoi est-ce que ça m’avance ?<br />

— Je vous présente mes excuses.<br />

— Ça ne me suffit pas !<br />

— Que vou<strong>le</strong>z-vous que je fasse ?<br />

— Rends-<strong>le</strong>s-moi !<br />

— Hé ! Ils sont à l’intérieur de moi ; ils m’ont maintenu en<br />

vie toute une nuit. Maintenant, je ne peux vous <strong>le</strong>s rendre !<br />

— Je dois vivre, moi aussi, non ? Le plus que j’obtienne<br />

jamais, en jouant de la musique de porte en porte, ce sont<br />

quelques grains de riz ou deux gouttes de saké. Espèce d’idiot !<br />

Espères-tu que je te laisserai sans protester me vo<strong>le</strong>r ma<br />

nourriture ? Je veux que tu me la rendes... rends-la-moi !<br />

Il proférait d’un ton impérieux c<strong>et</strong>te exigence<br />

déraisonnab<strong>le</strong>, <strong>et</strong> sa voix fit à Matahachi l’eff<strong>et</strong> de cel<strong>le</strong> d’un<br />

diab<strong>le</strong> affamé, venu tout droit de l’enfer.<br />

— Ne soyez pas si radin, dit Matahachi avec mépris. A quoi<br />

bon vous agiter comme ça ? Un peu de riz <strong>et</strong> moins d’une demijarre<br />

d’un saké de troisième ordre.<br />

— Bougre d’âne, tu peux faire la moue devant un reste de<br />

riz, mais pour moi c’est une journée de nourriture... une journée<br />

de vie !<br />

Le prêtre saisit en grondant <strong>le</strong> poign<strong>et</strong> de Matahachi.<br />

— ... Je ne te laisserai pas t’en tirer comme ça !<br />

— Ne faites pas l’idiot ! riposta Matahachi.<br />

Dégageant son bras <strong>et</strong> saisissant <strong>le</strong> vieux par ses cheveux<br />

clairsemés, il essaya de <strong>le</strong> j<strong>et</strong>er à terre d’une secousse rapide. A<br />

sa surprise, <strong>le</strong> corps de chat famélique resta inébranlab<strong>le</strong>. Le<br />

prêtre s’accrocha fermement au cou de Matahachi.<br />

— ... Espèce de salaud ! aboya Matahachi en réévaluant <strong>le</strong>s<br />

forces de son adversaire.<br />

Trop tard. Le prêtre, campé solidement, l’envoya valser<br />

d’une seu<strong>le</strong> poussée. Coup habi<strong>le</strong>, utilisant l’énergie même de<br />

Matahachi, qui ne s’arrêta qu’en heurtant <strong>le</strong> mur de plâtre à<br />

l’extrémité de la pièce voisine. Montants <strong>et</strong> lattes étant pourris,<br />

une bonne partie de la cloison s’effondra en couvrant Matahachi<br />

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