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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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<strong>et</strong> pria <strong>le</strong> pa<strong>le</strong>frenier de <strong>le</strong> conduire à Yamada, la vil<strong>le</strong> la plus<br />

proche du sanctuaire d’Ise. Le pa<strong>le</strong>frenier, content d’avoir été<br />

payé la veil<strong>le</strong>, accepta aussitôt.<br />

Le soir, ils atteignirent la longue route bordée d’arbres qui<br />

menait au sanctuaire. Les maisons de thé paraissaient<br />

particulièrement désolées, même pour l’hiver. Rares étaient <strong>le</strong>s<br />

voyageurs, <strong>et</strong> la route el<strong>le</strong>-même se trouvait en mauvais état. Un<br />

certain nombre d’arbres, abattus par <strong>le</strong>s tempêtes automna<strong>le</strong>s,<br />

gisaient encore à l’endroit où ils étaient tombés.<br />

De l’auberge de Yamada, Musashi envoya un serviteur<br />

demander à la maison Arakida si Shishido Baiken s’y trouvait.<br />

Réponse : il devait y avoir une erreur ; il n’y avait là personne de<br />

ce nom. Dans sa déception, Musashi tourna son attention vers<br />

son pied b<strong>le</strong>ssé, <strong>le</strong>quel avait considérab<strong>le</strong>ment enflé au cours de<br />

la nuit.<br />

Il était exaspéré car il ne restait que quelques jours avant<br />

son rendez-vous de Kyoto. Dans la l<strong>et</strong>tre de défi qu’il avait<br />

envoyée de Nagoya à l’éco<strong>le</strong> Yoshioka, il <strong>le</strong>ur avait donné à<br />

choisir n’importe quel jour de la première semaine du nouvel<br />

an. Il lui était assez diffici<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s supplier d’annu<strong>le</strong>r<br />

maintenant sous prétexte qu’il avait mal au pied. D’autre part, il<br />

avait promis de rencontrer Matahachi au pont de l’avenue Gojō.<br />

Il passa toute la journée du <strong>le</strong>ndemain à appliquer un<br />

remède qu’on lui avait indiqué autrefois. Prenant <strong>le</strong> résidu d’une<br />

purée de fèves, il <strong>le</strong> mit dans un sac de toi<strong>le</strong>, en pressa l’eau<br />

tiède <strong>et</strong> s’y baigna <strong>le</strong> pied. Aucun résultat ; pis : l’odeur des fèves<br />

était écœurante. Tout en soignant son pied, il regr<strong>et</strong>ta sa<br />

stupidité d’avoir fait ce détour par Ise. Il aurait dû se rendre à<br />

Kyoto directement.<br />

C<strong>et</strong>te nuit-là, <strong>le</strong> pied enveloppé sous la couverture, la fièvre<br />

grimpa <strong>et</strong> la souffrance devint intolérab<strong>le</strong>. Le <strong>le</strong>ndemain matin,<br />

<strong>le</strong> malade essaya désespérément d’autres remèdes ; l’un d’eux<br />

consistait à appliquer un onguent hui<strong>le</strong>ux administré par<br />

l’aubergiste, qui jurait que sa famil<strong>le</strong> s’en trouvait bien depuis<br />

des générations. L’enflure ne diminuait toujours pas. Musashi<br />

commença de trouver que son pied ressemblait à une grosse<br />

platée de purée de fèves ; il était lourd comme une bil<strong>le</strong> de bois.<br />

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