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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Il paraît que l’on y manque d’ouvriers ; qu’ils ont besoin<br />

d’armuriers.<br />

Dans un autre groupe, la conversation suivait un cours<br />

similaire :<br />

— Je fournis moi-même l’équipement de combat : hampes<br />

de drapeaux, armures, ce genre de chose. Mais il est bien certain<br />

que je ne gagne pas autant que je gagnais.<br />

— Vraiment ?<br />

— Oui, je suppose que <strong>le</strong>s samouraïs sont en train<br />

d’apprendre à compter.<br />

— Ha ! ha ! ha !<br />

— C’était <strong>le</strong> bon temps quand <strong>le</strong>s pillards apportaient <strong>le</strong>ur<br />

butin : on pouvait r<strong>et</strong>eindre <strong>et</strong> repeindre tout <strong>le</strong> lot, <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

revendre aussitôt aux armées. Puis, après la batail<strong>le</strong> suivante, <strong>le</strong><br />

bazar revenait ; on pouvait <strong>le</strong> réparer <strong>et</strong> <strong>le</strong> revendre.<br />

Un homme contemplait l’horizon marin, <strong>et</strong> vantait <strong>le</strong>s<br />

richesses des pays qui s’étendaient par-delà :<br />

— On ne peut plus gagner d’argent chez soi. Si on veut<br />

réaliser de vrais bénéfices, il faut faire comme Naya « Luzon »<br />

Sukezaemon ou Chaya Sukejirō. Se lancer dans <strong>le</strong> commerce<br />

étranger. C’est risqué, mais avec un peu de chance ça rapporte<br />

vraiment.<br />

— Eh bien, dit un autre, même si <strong>le</strong>s affaires ne sont pas<br />

aussi bonnes pour nous ces temps-ci, du point de vue des<br />

samouraïs nous nous en tirons très bien. <strong>La</strong> plupart d’entre eux<br />

ne connaissent même pas <strong>le</strong> goût d’un bon repas. Nous parlons<br />

du luxe dans <strong>le</strong>quel vivent <strong>le</strong>s daimyōs, mais tôt ou tard ils<br />

doivent se harnacher de cuir <strong>et</strong> d’acier, <strong>et</strong> al<strong>le</strong>r se faire tuer. Ils<br />

me font pitié ; ils sont tel<strong>le</strong>ment occupés à penser à <strong>le</strong>ur<br />

honneur <strong>et</strong> au code du guerrier qu’ils ne peuvent jamais se<br />

détendre <strong>et</strong> jouir de la vie.<br />

— C’est bien vrai ! Nous avons beau nous plaindre de la<br />

crise <strong>et</strong> du reste, il n’y a qu’une chose à faire aujourd’hui : être<br />

marchand.<br />

— Vous l’avez dit. Du moins pouvons-nous faire ce que nous<br />

voulons.<br />

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