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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Musashi prit <strong>le</strong> livre, l’ouvrit <strong>et</strong> lut <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment, qu’il avait<br />

précédemment sauté. Cela disait : « Etant venu ici pour étudier,<br />

je décharge <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> de toute responsabilité dans <strong>le</strong> cas où je<br />

serais physiquement b<strong>le</strong>ssé ou tué. »<br />

— Je suis d’accord, dit Musashi avec un léger sourire, car<br />

cela allait de soi pour qui voulait devenir un guerrier.<br />

— Très bien. Par ici.<br />

Le dōjō était immense. Les moines devaient lui avoir<br />

sacrifié une sal<strong>le</strong> de cours ou quelque autre vaste pièce du<br />

temp<strong>le</strong>. Musashi n’avait jamais vu de sal<strong>le</strong> ayant des colonnes<br />

d’une tel<strong>le</strong> circonférence ; il remarqua aussi des traces de<br />

peinture, feuil<strong>le</strong>s d’or <strong>et</strong> apprêt au blanc de Chine sur la<br />

charpente de traverse – toutes choses que d’ordinaire on ne<br />

rencontre pas dans <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s d’exercice.<br />

Il n’était pas <strong>le</strong> seul visiteur. Plus de dix apprentis guerriers<br />

se trouvaient assis en train d’attendre, avec un nombre égal<br />

d’apprentis prêtres. A quoi s’ajoutaient bon nombre de<br />

samouraïs qui paraissaient être de simp<strong>le</strong>s observateurs. Tous<br />

regardaient avec passion deux lanciers qui s’exerçaient au<br />

combat. Nul n’accorda <strong>le</strong> moindre coup d’œil à Musashi tandis<br />

qu’il s’asseyait dans un coin.<br />

D’après un écriteau fixé au mur, si quelqu’un voulait se<br />

battre avec des lances véritab<strong>le</strong>s on accepterait <strong>le</strong> défi ; mais<br />

pour <strong>le</strong> moment <strong>le</strong>s combattants se servaient de longues perches<br />

de chêne destinées à l’exercice. Pourtant, un coup de ces<br />

perches pouvait être extrêmement douloureux, voire fatal.<br />

L’un des combattants finit par être j<strong>et</strong>é en l’air ; comme il<br />

regagnait son siège en boitant, vaincu, Musashi s’aperçut que sa<br />

cuisse avait déjà enflé jusqu’à atteindre la grosseur d’un tronc<br />

d’arbre. Incapab<strong>le</strong> de s’asseoir, il se laissa tomber<br />

maladroitement sur un genou en étendant devant lui la jambe<br />

b<strong>le</strong>ssée.<br />

— Au suivant ! appela l’autre combattant, un prêtre<br />

particulièrement arrogant.<br />

Les manches de sa robe étaient attachées derrière lui ; son<br />

corps entier – jambes, bras, épau<strong>le</strong>s <strong>et</strong> jusqu’à son front –<br />

semblait formé de musc<strong>le</strong>s saillants. <strong>La</strong> perche de chêne qu’il<br />

tenait vertica<strong>le</strong>ment avait au moins trois mètres de long.<br />

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