14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— Eh bien, dit la fil<strong>le</strong> avec tact, je suis heureuse de<br />

l’apprendre, mais je voudrais vraiment que vous fassiez un peu<br />

moins de vacarme.<br />

— A ton aise ! Chantons des chansons.<br />

Par respect pour la présence féminine, plusieurs tibias velus<br />

se replièrent sous <strong>le</strong>s kimonos, <strong>et</strong> quelques corps horizontaux<br />

devinrent verticaux. <strong>La</strong> musique démarra, la bonne humeur se<br />

mit à régner, <strong>et</strong> la fête gagna en conviction. El<strong>le</strong> battait son p<strong>le</strong>in<br />

quand une jeune servante entra pour annoncer que l’homme<br />

arrivé par <strong>le</strong> bateau de Shikoku se trouvait là avec sa compagne.<br />

— Qu’est-ce qu’el<strong>le</strong> a dit ? Une visite ?<br />

— Ouais, el<strong>le</strong> dit qu’un nommé Tōji est là.<br />

— Merveil<strong>le</strong>ux ! Sp<strong>le</strong>ndide ! Voilà ce bon vieux Tōji... Quel<br />

Tōji ?<br />

L’entrée de Tōji avec Okō n’interrompit pas la fête <strong>le</strong> moins<br />

du monde ; à la vérité, on <strong>le</strong>s ignora. Tōji, auquel on avait donné<br />

à croire que la réunion était tout entière en son honneur, en fut<br />

écœuré.<br />

Il rappela la servante qui <strong>le</strong>s avait introduits, <strong>et</strong> demanda à<br />

être conduit à la chambre de Seijūrō. Mais comme ils passaient<br />

dans <strong>le</strong> hall, <strong>le</strong> chef, qui puait <strong>le</strong> saké, <strong>le</strong>s rejoignit en titubant <strong>et</strong><br />

sauta au cou de Tōji.<br />

— Salut, Tōji ! bredouilla-t-il. Tu arrives seu<strong>le</strong>ment ? Tu as<br />

dû prendre du bon temps quelque part avec Okō pendant que<br />

nous étions ici à t’attendre. Allons, allons, ce ne sont pas des<br />

choses à faire !<br />

Tōji tenta sans succès de se débarrasser de lui. L’homme <strong>le</strong><br />

traîna dans la chambre. Ce faisant, il marcha sur un plateau ou<br />

deux, renversa quelques jarres de saké puis tomba par terre,<br />

entraînant Tōji dans sa chute.<br />

— Mon foulard ! hoqu<strong>et</strong>a Tōji.<br />

Sa main s’élança vers sa tête... trop tard. En tombant, <strong>le</strong> chef<br />

avait arraché <strong>le</strong> foulard, qu’il tenait maintenant à la main. Tous,<br />

<strong>le</strong> souff<strong>le</strong> coupé, regardaient l’endroit où <strong>le</strong> toup<strong>et</strong> de Tōji aurait<br />

dû se trouver.<br />

— Qu’est-ce qui t’est arrivé à la tête ?<br />

— Ha ! ha ! ha ! En voilà, une coiffure !<br />

— Où te l’es-tu fait faire ?<br />

426

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!