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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Comme la porte était close, il ne se donna pas la peine de<br />

regarder à l’intérieur.<br />

A plusieurs reprises, <strong>le</strong> prêtre du temp<strong>le</strong> sortit sur <strong>le</strong><br />

passage suré<strong>le</strong>vé pour crier à Takuan :<br />

— Tu ne l’as pas encore trouvée ? El<strong>le</strong> est sûrement quelque<br />

part dans <strong>le</strong>s parages !<br />

Comme <strong>le</strong> temps passait, tout hors de lui, il cria :<br />

— ... Dépêche-toi de la r<strong>et</strong>rouver ! Notre hôte dit qu’il ne<br />

peut boire son saké sans qu’el<strong>le</strong> soit ici pour <strong>le</strong> lui verser.<br />

L’on dépêcha <strong>le</strong> serviteur du temp<strong>le</strong> au bas de la colline<br />

pour la rechercher, lanterne en main. Presque au moment où il<br />

partait, Takuan finit par ouvrir la porte de l’atelier de tissage.<br />

Ce qu’il vit à l’intérieur <strong>le</strong> fit sursauter. Otsū était affaissée<br />

sur <strong>le</strong> métier, dans un état de désolation manifeste. Ne voulant<br />

pas être indiscr<strong>et</strong>, Takuan garda <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce, <strong>le</strong>s yeux fixés sur <strong>le</strong>s<br />

deux l<strong>et</strong>tres froissées <strong>et</strong> déchirées qui gisaient par terre. El<strong>le</strong>s<br />

avaient été piétinées comme deux effigies de pail<strong>le</strong>.<br />

Takuan <strong>le</strong>s ramassa.<br />

— Ce ne sont pas <strong>le</strong>s l<strong>et</strong>tres que <strong>le</strong> facteur a apportées<br />

aujourd’hui ? demanda-t-il avec douceur. Pourquoi ne <strong>le</strong>s<br />

ranges-tu pas ?<br />

Otsū secoua faib<strong>le</strong>ment la tête.<br />

— ... Tout <strong>le</strong> monde est à moitié fou d’inquiétude à ton suj<strong>et</strong>.<br />

J’ai regardé partout. Viens, Otsū, rentrons. Je sais que tu ne <strong>le</strong><br />

veux pas, mais tu as réel<strong>le</strong>ment du travail à faire. D’abord, tu<br />

dois servir <strong>le</strong> capitaine. Le vieux prêtre en a presque perdu<br />

l’esprit.<br />

— J’ai... j’ai mal à la tête, chuchota-t-el<strong>le</strong>. Takuan, ne<br />

pourrait-on me laisser libre ce soir... juste ce soir ?<br />

Takuan soupira.<br />

— Otsū, je crois personnel<strong>le</strong>ment que tu ne devrais pas avoir<br />

à servir <strong>le</strong> saké au capitaine, ni ce soir, ni aucun autre soir. Mais<br />

<strong>le</strong> prêtre est d’un avis différent. C’est un homme de ce monde. Il<br />

n’est pas du genre à pouvoir obtenir <strong>le</strong> respect ou <strong>le</strong> soutien du<br />

daimyō pour <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> par la seu<strong>le</strong> élévation mora<strong>le</strong>. Il croit<br />

devoir donner à boire <strong>et</strong> à manger au capitaine... veil<strong>le</strong>r à son<br />

bien-être de chaque instant.<br />

Il tapota l’épau<strong>le</strong> d’Otsū.<br />

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