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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Il se trouvait à proximité du centre de la vil<strong>le</strong>, un jour,<br />

lorsqu’il entendit une voix crier son nom. Il <strong>le</strong>va vivement <strong>le</strong>s<br />

yeux, <strong>et</strong> vit Takuan s’approcher en l’appelant :<br />

— Takezō ! Attends-moi !<br />

Il tressaillit <strong>et</strong>, comme à l’ordinaire en présence de ce<br />

moine, se sentit légèrement humilié. Il avait cru que personne,<br />

pas même Takuan, ne <strong>le</strong> reconnaîtrait sous son déguisement.<br />

Le moine <strong>le</strong> saisit par <strong>le</strong> poign<strong>et</strong>.<br />

— Viens avec moi, ordonna-t-il.<br />

Impossib<strong>le</strong> de ne point remarquer <strong>le</strong> caractère pressant du<br />

ton.<br />

— ... Et ne fais pas d’histoires. J’ai passé beaucoup de temps<br />

à ta recherche.<br />

Takezō <strong>le</strong> suivit doci<strong>le</strong>ment. Il n’avait pas la moindre idée de<br />

l’endroit où ils allaient, mais une fois de plus il se trouvait<br />

incapab<strong>le</strong> de résister à c<strong>et</strong> homme-là. Il se demandait pourquoi.<br />

Maintenant, il était libre, <strong>et</strong> il lui semblait qu’ils r<strong>et</strong>ournaient<br />

tout droit vers l’arbre terrib<strong>le</strong> de Miyamoto. Ou peut-être<br />

allaient-ils vers un cachot de forteresse. Takezō <strong>le</strong>s avait<br />

soupçonnés d’avoir emprisonné sa sœur quelque part dans<br />

l’enceinte du château, mais sans la moindre preuve à l’appui. Il<br />

espérait ne s’être pas trompé : si on l’y menait lui aussi, du<br />

moins pourraient-ils mourir ensemb<strong>le</strong>. S’ils devaient mourir, il<br />

ne voyait personne d’autre qu’il aimât suffisamment pour<br />

partager ses derniers instants.<br />

Le château de Himeji apparaissait devant ses yeux. Il<br />

comprenait maintenant pourquoi on <strong>le</strong> nommait <strong>le</strong> « château de<br />

la Grue blanche » : ce majestueux édifice se dressait sur<br />

d’énormes remparts de <strong>pierre</strong>, comme un grand oiseau fier,<br />

descendu des cieux. Takuan précéda Takezō sur <strong>le</strong> vaste pont<br />

qui enjambait <strong>le</strong> fossé externe. Devant <strong>le</strong> portail de fer, une haie<br />

de gardes se tenaient au port d’armes. Leurs lances qui<br />

étincelaient au so<strong>le</strong>il firent hésiter Takezō une fraction de<br />

seconde. Takuan, sans même se r<strong>et</strong>ourner, <strong>le</strong> sentit <strong>et</strong>, d’un<br />

geste légèrement impatient, lui enjoignit de poursuivre sa route.<br />

Ayant franchi la tourel<strong>le</strong> du portail, ils s’approchèrent de la<br />

deuxième porte, où <strong>le</strong>s soldats semblaient encore davantage sur<br />

<strong>le</strong> qui-vive, prêts au combat d’une seconde à l’autre. C’était <strong>le</strong><br />

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