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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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œillades des hôtes sur <strong>le</strong> départ jusqu’à ce qu’el<strong>le</strong> disparût à la<br />

suite de Kocha.<br />

Denshichirō <strong>et</strong> ses compagnons, s’étant attardés à boire la<br />

nuit précédente, venaient à peine de se <strong>le</strong>ver. A l’annonce qu’un<br />

messager était venu du château, ils crurent qu’il s’agissait de<br />

l’homme déjà venu la veil<strong>le</strong>. <strong>La</strong> vue d’Otsū, avec sa pivoine<br />

blanche, causa une vive surprise.<br />

— Oh ! je vous en prie, ne regardez pas la chambre ! C’est<br />

une écurie.<br />

L’air de s’excuser, ils rajustèrent <strong>le</strong>urs kimonos <strong>et</strong><br />

s’agenouillèrent avec un peu de raideur protocolaire.<br />

— ... Je vous en prie, entrez donc, entrez donc.<br />

— Je suis envoyée par <strong>le</strong> seigneur du château de Koyagyū,<br />

déclara Otsū avec simplicité en posant l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> pivoine devant<br />

Denshichirō. Auriez-vous l’amabilité de lire la l<strong>et</strong>tre<br />

maintenant ?<br />

— Ah ! oui... ceci ? Oui, je vais <strong>le</strong> lire.<br />

Il ouvrit <strong>le</strong> rou<strong>le</strong>au qui n’avait pas plus d’un pied de long.<br />

Ecrit d’une encre fine, évoquant la saveur du thé léger, <strong>le</strong><br />

message disait : « Pardonnez-moi d’envoyer mes salutations par<br />

l<strong>et</strong>tre au lieu de vous rencontrer moi-même ; hélas ! je suis un<br />

peu enrhumé. J’espère qu’une pivoine blanche comme neige<br />

vous donnera plus de plaisir que <strong>le</strong> nez coulant d’un vieillard.<br />

J’envoie la f<strong>le</strong>ur par la main d’une f<strong>le</strong>ur, en espérant que vous<br />

agréerez mes excuses. Mon vieux corps se repose en dehors du<br />

monde quotidien. J’hésite à montrer mon visage. Je vous en<br />

prie, souriez avec pitié à un vieil homme. »<br />

Denshichirō eut un renif<strong>le</strong>ment de mépris, <strong>et</strong> réenroula la<br />

l<strong>et</strong>tre.<br />

— ... C’est tout ? demanda-t-il.<br />

— Non, il a dit aussi qu’il aimerait prendre avec vous une<br />

tasse de thé, mais qu’il hésite à vous inviter chez lui car il n’y a là<br />

que des guerriers ignorants des finesses de c<strong>et</strong>te cérémonie.<br />

Munenori se trouvant à Edo, il a <strong>le</strong> sentiment que <strong>le</strong> service du<br />

thé serait grossier au point de provoquer l’hilarité de personnes<br />

venues de la capita<strong>le</strong> impéria<strong>le</strong>. Il m’a priée de vous demander<br />

pardon, <strong>et</strong> de vous dire qu’il espère vous voir une autre fois.<br />

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