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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Eh bien, vous pouvez voir quel type d’homme je suis,<br />

répondit Kojirō. Je par<strong>le</strong> à tort <strong>et</strong> à travers, <strong>et</strong> suis toujours prêt<br />

à me battre contre n’importe qui. Vos discip<strong>le</strong>s n’étaient pas <strong>le</strong>s<br />

seuls responsab<strong>le</strong>s. En réalité, je crois que vous devriez <strong>le</strong>ur<br />

reconnaître un certain mérite d’avoir essayé de défendre la<br />

bonne réputation de votre éco<strong>le</strong>. Dommage qu’ils ne se battent<br />

pas mieux, mais du moins ont-il essayé. Je suis un peu ennuyé<br />

pour eux.<br />

— C’est ma faute, dit simp<strong>le</strong>ment Seijūrō, avec une<br />

expression de chagrin sincère.<br />

— Oublions toute l’affaire.<br />

— Rien ne pourrait me faire plus plaisir.<br />

<strong>La</strong> vue des deux hommes en train de se réconcilier soulagea<br />

<strong>le</strong>s autres. Qui aurait cru que ce beau garçon grandi trop vite<br />

était <strong>le</strong> grand Sasaki Kojirō dont Ittōsai avait chanté <strong>le</strong>s<br />

louanges ? (« Le prodige d’Iwakuni » : tels étaient ses propres<br />

termes.) Peu étonnant que Tōji, dans son ignorance, eût eu la<br />

tentation de <strong>le</strong> taquiner un peu. Et peu étonnant qu’au bout du<br />

compte il se fût couvert de ridicu<strong>le</strong>.<br />

Ryōhei <strong>et</strong> <strong>le</strong>s trois autres frissonnaient en songeant qu’ils<br />

avaient failli être fauchés par « la Perche de séchage ».<br />

Maintenant que <strong>le</strong>urs yeux s’étaient ouverts, la vue des larges<br />

épau<strong>le</strong>s <strong>et</strong> du dos robuste de Kojirō <strong>le</strong>ur faisait se demander<br />

comment ils avaient pu avoir la stupidité de <strong>le</strong> sous-estimer<br />

d’abord.<br />

Au bout d’un moment, ils furent de r<strong>et</strong>our au débarcadère.<br />

Les corps étaient déjà gelés, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s trois hommes furent chargés<br />

de <strong>le</strong>s enterrer tandis que Ryōhei allait chercher son cheval.<br />

Kojirō siffla son singe, <strong>le</strong>quel apparut soudain comme par<br />

enchantement <strong>et</strong> sauta sur l’épau<strong>le</strong> de son maître.<br />

Seijūrō non seu<strong>le</strong>ment pressa Kojirō de l’accompagner à<br />

l’éco<strong>le</strong> de l’avenue Shijō pour y passer quelque temps, mais lui<br />

offrit son cheval. Kojirō refusa.<br />

— Ce ne serait pas convenab<strong>le</strong>, déclara-t-il avec une<br />

déférence inhabituel<strong>le</strong>. Je ne suis qu’un jeune rōnin, <strong>et</strong> vous êtes<br />

<strong>le</strong> maître d’une grande éco<strong>le</strong>, <strong>le</strong> fils d’un homme distingué, <strong>le</strong><br />

chef de centaines de discip<strong>le</strong>s.<br />

Saisissant la bride, il reprit :<br />

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