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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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à songer que peut-être el<strong>le</strong> avait raison. Tsujikazé Kōhei<br />

semblait avoir une bande nombreuse de partisans autour de<br />

Yasugawa, à Kiso ; plus : expert dans <strong>le</strong>s arts martiaux, il<br />

excellait à prendre <strong>le</strong>s gens par surprise. Jusqu’alors, aucun de<br />

ceux que Kōhei s’était publiquement proposé de trucider n’était<br />

mort de mort naturel<strong>le</strong>. Dans l’esprit de Matahachi, c’était une<br />

chose que d’être attaqué ouvertement ; c’en était une tout autre<br />

que d’être surpris en p<strong>le</strong>in sommeil.<br />

— Chez moi, c’est un point faib<strong>le</strong>, reconnut-il. Je dors<br />

comme une souche.<br />

Tandis qu’il restait assis là, <strong>le</strong> menton dans la main, à<br />

réfléchir, Okō en arriva à la conclusion qu’il n’y avait rien<br />

d’autre à faire qu’à abandonner la maison <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur mode de vie<br />

actuel pour s’en al<strong>le</strong>r quelque part, au loin. El<strong>le</strong> demanda à<br />

Matahachi ce que lui <strong>et</strong> Takezō comptaient faire.<br />

— Je vais en discuter avec lui, répondit Matahachi. Je me<br />

demande où il est passé.<br />

Il sortit <strong>et</strong> regarda partout, mais Takezō n’était visib<strong>le</strong> nul<strong>le</strong><br />

part. Au bout d’un moment, il s’abrita <strong>le</strong>s yeux, regarda au loin<br />

vers <strong>le</strong>s basses collines, <strong>et</strong> distingua Takezō qui montait à cru <strong>le</strong><br />

cheval égaré qui <strong>le</strong>s avait réveillés par son hennissement.<br />

« Il n’y a rien au monde qu’il craigne », se dit Matahachi,<br />

envieux <strong>et</strong> bourru. Les mains en porte-voix, il cria :<br />

— Dis donc ! Reviens ! Nous avons à par<strong>le</strong>r !<br />

Un peu plus tard, étendus ensemb<strong>le</strong> dans l’herbe,<br />

mâchonnant des tiges, ils discutaient de ce qu’ils devaient faire<br />

ensuite. Matahachi demandait :<br />

— Alors, tu crois que nous devrions rentrer chez nous ?<br />

— Oui, je <strong>le</strong> crois. Nous ne pouvons pas rester avec ces deux<br />

femmes éternel<strong>le</strong>ment.<br />

— En eff<strong>et</strong>.<br />

— Les femmes me déplaisent.<br />

De cela du moins, Takezō était sûr.<br />

— Très bien. Alors, partons.<br />

Matahachi se r<strong>et</strong>ourna <strong>et</strong> <strong>le</strong>va <strong>le</strong>s yeux vers <strong>le</strong> ciel.<br />

— ... Maintenant que nous sommes décidés, j’ai envie de<br />

partir. Je viens brusquement de me rendre compte à quel point<br />

Otsū me manque, à quel point j’ai envie de la voir. Regarde, là-<br />

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