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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Je veux m’en al<strong>le</strong>r.<br />

— Je vous en empêcherai.<br />

— Mon corps ne vous appartient pas !<br />

— Croyez-vous ? Vous feriez mieux d’interroger là-dessus<br />

votre mère ! Je l’ai certainement assez payée pour cela.<br />

— Eh bien, ma mère m’a peut-être vendue, mais je ne me<br />

suis pas vendue moi-même ! Et sûrement pas à un homme que<br />

je méprise plus que la Mort en personne !<br />

— Qu’est-ce que j’entends ? vociféra Seijūrō en lui j<strong>et</strong>ant la<br />

couverture rouge sur la tête.<br />

Akemi cria de toutes ses forces.<br />

— Crie donc, espèce de garce ! Crie autant que tu voudras !<br />

Personne ne viendra.<br />

Sur <strong>le</strong> shoji la pâ<strong>le</strong> clarté du so<strong>le</strong>il se mêlait à l’ombre agitée<br />

des pins comme s’il ne s’était rien passé. Dehors, tout se taisait<br />

sauf <strong>le</strong> clapotis lointain des vagues <strong>et</strong> <strong>le</strong> gazouillis des oiseaux.<br />

Aux gémissements étouffés d’Akemi succéda un profond<br />

si<strong>le</strong>nce. Au bout d’un moment, Seijūrō, livide, sortit dans <strong>le</strong><br />

couloir ; de sa main droite il tenait sa main gauche, griffée <strong>et</strong><br />

sanglante.<br />

Peu après, la porte s’ouvrit de nouveau avec fracas, <strong>et</strong> Akemi<br />

sortit. Avec un cri de surprise, Seijūrō, la main enveloppée<br />

maintenant d’une servi<strong>et</strong>te de toil<strong>et</strong>te, voulut l’arrêter, mais trop<br />

tard. <strong>La</strong> jeune fil<strong>le</strong> affolée s’enfuit à la vitesse de l’éclair. <strong>La</strong><br />

contrariété plissa <strong>le</strong> visage de Seijūrō mais il ne la poursuivit pas<br />

tandis qu’el<strong>le</strong> traversait <strong>le</strong> jardin <strong>et</strong> gagnait une autre partie de<br />

l’auberge. Au bout d’un moment, un mince <strong>et</strong> tortueux sourire<br />

apparut sur ses lèvres. C’était un sourire de satisfaction<br />

profonde.<br />

<strong>La</strong> mort d’un héros<br />

— Onc<strong>le</strong> Gon !<br />

— Quoi ?<br />

— Tu es fatigué ?<br />

— Oui, un peu.<br />

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