14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— Mais si, je vous suis profondément reconnaissante.<br />

— Ce n’est pas ce que je veux dire. Ce que je veux dire,<br />

c’est... eh bien, je ne suis pas encore marié. Si mon onc<strong>le</strong> n’était<br />

pas si sévère, j’aimerais vous emmener chez moi sur-<strong>le</strong>-champ...<br />

Mais je vois bien que vous êtes pressée. En tout cas, vous<br />

trouverez à quelques kilomètres d’ici une p<strong>et</strong>ite auberge où vous<br />

pourrez passer la nuit. Je connais fort bien l’aubergiste ;<br />

recommandez-vous de moi. Adieu !<br />

Quand il fut parti, Otsū éprouva un curieux sentiment. Dès<br />

<strong>le</strong> début, el<strong>le</strong> avait été incapab<strong>le</strong> de se faire une opinion sur<br />

Sannojō ; or, une fois qu’ils se furent quittés, el<strong>le</strong> eut<br />

l’impression d’avoir échappé aux griffes d’un dangereux animal.<br />

El<strong>le</strong> l’avait mécaniquement remercié ; au fond de son cœur, el<strong>le</strong><br />

n’éprouvait pas de véritab<strong>le</strong> gratitude.<br />

Jōtarō, malgré sa propension à s’enticher des inconnus,<br />

réagissait de façon très voisine. Alors qu’ils commençaient à<br />

descendre du col, il déclara :<br />

— Je n’aime pas c<strong>et</strong> homme.<br />

Otsū ne voulait pas médire de Sannojō derrière son dos,<br />

mais el<strong>le</strong> admit qu’el<strong>le</strong> ne l’aimait pas non plus, <strong>et</strong> ajouta :<br />

— Que penses-tu qu’il voulait dire en m’informant qu’il était<br />

encore célibataire ?<br />

— Oh ! il veut dire qu’un jour il vous demandera de<br />

l’épouser.<br />

— Comment ? Mais c’est absurde !<br />

Tous deux parvinrent à Kyoto sans incident bien que déçus<br />

de n’avoir trouvé Musashi dans aucun des endroits où ils<br />

avaient espéré <strong>le</strong> rencontrer : ni au bord du lac d’Omi, ni au<br />

pont de Kara, à S<strong>et</strong>a, ni à la barrière d’Osaka.<br />

Venant de Keage, ils plongèrent dans la fou<strong>le</strong>, près de<br />

l’entrée de la vil<strong>le</strong> par l’avenue Sanjō. Dans la capita<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

façades des maisons s’ornaient des branches de pin<br />

traditionnel<strong>le</strong>s au Nouvel An. <strong>La</strong> vue de ces décorations<br />

remonta <strong>le</strong> moral d’Otsū qui, au lieu de se lamenter sur <strong>le</strong>s<br />

occasions perdues du passé, résolut de se tourner vers l’avenir<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong>s chances qu’il renfermait de r<strong>et</strong>rouver Musashi. Le Grand<br />

Pont, avenue Gojō... Le premier jour de la nouvel<strong>le</strong> année... S’il<br />

525

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!