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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Seijūrō se claquemurait au fond de la maison, disant<br />

seu<strong>le</strong>ment :<br />

— Racontez-<strong>le</strong>ur que je suis sorti.<br />

Et Denshichirō, cela va de soi, n’eût pas approché de la<br />

maison en un tel jour. Celui qui brillait <strong>le</strong> plus par son absence<br />

était l’homme chargé des registres de l’éco<strong>le</strong> <strong>et</strong> des comptes<br />

ménagers : Gion Tōji. Quelques jours auparavant, il avait<br />

déguerpi avec Okō <strong>et</strong> tout l’argent qu’il avait recueilli lors de son<br />

voyage dans l’Ouest.<br />

Bientôt, six ou sept hommes entrèrent avec l’air important,<br />

conduits par Ueda Ryōhei qui, même en des circonstances aussi<br />

humiliantes, se gonflait d’orgueil d’être un des Dix Hommes<br />

d’Epée de la Maison de Yoshioka. L’air menaçant, il demanda :<br />

— Qu’est-ce qui se passe, ici ?<br />

Le discip<strong>le</strong>, tout en montrant clairement qu’il ne voyait la<br />

nécessité d’aucune explication, donna un bref résumé de la<br />

situation.<br />

— C’est donc tout ? dit Ryōhei avec mépris. Une simp<strong>le</strong><br />

bande de grippe-sous ? Qu’est-ce que ça peut faire, puisque <strong>le</strong>s<br />

factures finiront par être payées ? Dis à ceux qui refusent<br />

d’attendre de passer dans la sal<strong>le</strong> d’entraînement ; je discuterai<br />

l’affaire avec eux dans ma propre langue.<br />

Devant c<strong>et</strong>te menace, <strong>le</strong>s créanciers firent grise mine. Etant<br />

donné l’intégrité de Yoshioka Kempō dans <strong>le</strong>s questions<br />

d’argent, sans par<strong>le</strong>r de son poste d’instructeur militaire des<br />

Shōguns Ashikaga, ils s’étaient inclinés devant la maison de<br />

Yoshioka, avaient rampé, lui avaient prêté n’importe quoi,<br />

étaient venus à toutes <strong>le</strong>s convocations, repartis dès qu’on <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>ur disait, avaient répondu amen à tout. Mais <strong>le</strong>ur soumission à<br />

ces guerriers vaniteux avait des limites. Ils ne se laisseraient<br />

intimider par des menaces comme cel<strong>le</strong>s de Ryōhei que <strong>le</strong> jour<br />

où la classe des commerçants ne ferait plus de profits. Or, sans<br />

eux, que deviendraient <strong>le</strong>s samouraïs ? S’imaginaient-ils un seul<br />

instant qu’ils étaient capab<strong>le</strong>s de diriger <strong>le</strong>s affaires tout seuls ?<br />

Comme ils l’entouraient en grommelant, Ryōhei montra<br />

clairement qu’il <strong>le</strong>s considérait comme de la boue.<br />

— Ça suffit, maintenant, rentrez chez vous ! Traîner ici ne<br />

vous avancera à rien.<br />

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