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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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ne s’est pas remise. En réalité, el<strong>le</strong> a l’air en bien plus mauvais<br />

état. El<strong>le</strong> grelotte de fièvre.<br />

Osugi s’arrêta n<strong>et</strong>.<br />

— N’est-ce pas une fil<strong>le</strong> d’environ seize ans, très mince ?<br />

— Oui, environ seize ans, il me semb<strong>le</strong>. Dit qu’el<strong>le</strong> vient de<br />

Miyamoto.<br />

Osugi, en clignant de l’œil à Gonroku, se mit à farfouil<strong>le</strong>r<br />

dans son obi. El<strong>le</strong> prit un air désespéré pour s’exclamer :<br />

— Oh ! je l’ai laissé à la maison de thé !<br />

— Quoi donc ?<br />

— Mon chapel<strong>et</strong>. Maintenant, cela me revient : je l’ai posé<br />

sur un tabour<strong>et</strong>.<br />

— Oh ! quel ennui ! dit <strong>le</strong> commerçant en faisant faire demitour<br />

à son cheval. Je r<strong>et</strong>ourne <strong>le</strong> chercher.<br />

— Mais non ! Il faut que vous alliez chercher <strong>le</strong> médecin.<br />

C<strong>et</strong>te jeune malade a plus d’importance que mon chapel<strong>et</strong>. Nous<br />

r<strong>et</strong>ournons <strong>le</strong> reprendre nous-mêmes.<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon était déjà en train de remonter à grands pas la<br />

colline. Sitôt qu’Osugi se fut débarrassée de l’obligeant<br />

propriétaire de la maison de thé, el<strong>le</strong> se dépêcha de <strong>le</strong> rattraper.<br />

Bientôt, tous deux suèrent <strong>et</strong> soufflèrent. Ni l’un ni l’autre ne<br />

parlait.<br />

Ce ne pouvait être qu’Otsū !<br />

Otsū ne s’était jamais vraiment débarrassée de la fièvre<br />

qu’el<strong>le</strong> avait prise la nuit où ils l’avaient arrachée à la tempête<br />

pour la traîner dans la maison. El<strong>le</strong> avait en quelque sorte<br />

oublié sa maladie au cours des quelques heures passées avec<br />

Takezō, mais après qu’il l’eut quittée el<strong>le</strong> fit seu<strong>le</strong>ment quelques<br />

pas avant de commencer à céder à la dou<strong>le</strong>ur <strong>et</strong> à la fatigue. Le<br />

temps d’arriver à la maison de thé, el<strong>le</strong> se trouvait dans un état<br />

lamentab<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> ignorait depuis combien de temps el<strong>le</strong> était couchée<br />

dans l’arrière-sal<strong>le</strong>, à supplier sans arrêt, dans son délire, qu’on<br />

lui donnât de l’eau. Avant de partir, <strong>le</strong> commerçant était venu<br />

l’exhorter à la patience. Quelques instants plus tard, el<strong>le</strong> avait<br />

oublié qu’il lui eût jamais adressé la paro<strong>le</strong>.<br />

Sa bouche était desséchée, comme remplie d’épines.<br />

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