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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— A mort ! cria <strong>le</strong> voisin de Jūrōzaemon en dégainant à la<br />

vitesse de l’éclair.<br />

— Attention ! Voilà Itakura ! cria une voix éloignée.<br />

Magistrat de Kyoto, Itakura Katsushige était un homme<br />

puissant qui gouvernait bien, mais avec une main de fer. Les<br />

enfants eux-mêmes <strong>le</strong> chansonnaient : « A qui donc est ce rouan<br />

/ Qui passe dans la rue ? / A Itakura Katsushige ? / Fuyez, vous<br />

tous, fuyez ! » Ou bien : « Itakura, seigneur d’Iga, a / Plus de<br />

mains que la Kannon aux mil<strong>le</strong> bras, / Plus d’yeux que <strong>le</strong><br />

Temmoku aux trois yeux. / Ses gendarmes sont partout. »<br />

Kyoto n’était pas une cité faci<strong>le</strong> à gouverner. Alors qu’Edo se<br />

trouvait bien parti pour la remplacer comme plus grande vil<strong>le</strong><br />

du pays, l’ancienne capita<strong>le</strong> demeurait un centre économique,<br />

politique <strong>et</strong> militaire. A l’avant-garde de la culture <strong>et</strong> de<br />

l’éducation, <strong>le</strong>s critiques contre <strong>le</strong> Shōgunat s’y exprimaient<br />

davantage. Les bourgeois, depuis <strong>le</strong> XIV e sièc<strong>le</strong> environ, avaient<br />

renoncé à toute ambition militaire ; ils s’étaient tournés vers <strong>le</strong><br />

commerce <strong>et</strong> l’artisanat. On <strong>le</strong>s reconnaissait maintenant<br />

comme une classe à part, <strong>et</strong> dans l’ensemb<strong>le</strong> conservatrice.<br />

Le peup<strong>le</strong> comprenait aussi de nombreux samouraïs qui<br />

ménageaient la chèvre <strong>et</strong> <strong>le</strong> chou en attendant de voir si <strong>le</strong>s<br />

Toyotomis renverseraient <strong>le</strong>s Tokugawas, ainsi qu’un certain<br />

nombre de chefs militaires parvenus qui, bien que manquant de<br />

nob<strong>le</strong>sse, réussissaient à posséder des armées personnel<strong>le</strong>s<br />

d’une importance considérab<strong>le</strong>. Il y avait aussi nombre de<br />

rōnins pareils à ceux de Nara.<br />

Hédonistes <strong>et</strong> débauchés abondaient dans toutes <strong>le</strong>s classes,<br />

en sorte que la quantité des débits de boissons <strong>et</strong> des bordels<br />

était disproportionnée par rapport à la dimension de la vil<strong>le</strong>.<br />

Plutôt que <strong>le</strong>s convictions politiques, l’opportunisme avait<br />

tendance à déterminer <strong>le</strong> loyalisme d’une partie substantiel<strong>le</strong> de<br />

la population. L’on nageait dans <strong>le</strong> sens du courant ; l’on<br />

saisissait toutes <strong>le</strong>s occasions qui semblaient favorab<strong>le</strong>s.<br />

Une histoire qui circulait en vil<strong>le</strong> à l’époque de la<br />

nomination d’Itakura, en 1601, disait qu’avant d’accepter, il<br />

demanda à Ieyasu l’autorisation de consulter son épouse. De<br />

r<strong>et</strong>our chez lui, il lui déclara : « Depuis la nuit des temps,<br />

d’innombrab<strong>le</strong>s hommes, à des postes honorifiques, ont<br />

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