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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Depuis que j’ai quitté <strong>le</strong> Mimasaka, je suis allé dans <strong>le</strong>s<br />

provinces de S<strong>et</strong>tsu, de Kawachi <strong>et</strong> d’Izumi, à Kyoto, à Nara, <strong>et</strong><br />

je n’ai jamais vu un endroit comme celui-ci.<br />

— Eh bien, <strong>et</strong> alors ? Qu’est-ce qu’il a de tel<strong>le</strong>ment<br />

différent ?<br />

— D’abord, il y a beaucoup d’arbres dans <strong>le</strong>s montagnes<br />

d’ici.<br />

Jōtarō se mit à rire.<br />

— Des arbres ? Il y a des arbres partout, non ?<br />

— Oui, mais ici, c’est différent. Tous <strong>le</strong>s arbres du Yagyū<br />

sont vieux. Cela veut dire qu’il n’y a pas eu de guerres, ici, pas de<br />

troupes ennemies pour brû<strong>le</strong>r ou pour abattre <strong>le</strong>s forêts. Cela<br />

veut dire aussi qu’il n’y a pas eu de famines, du moins depuis<br />

très, très longtemps.<br />

— C’est tout ?<br />

— Non. Les champs sont verts aussi, <strong>et</strong> l’orge nouvel<strong>le</strong> a été<br />

bien piétinée pour fortifier <strong>le</strong>s racines <strong>et</strong> la faire pousser comme<br />

il faut. Ecoute ! N’entends-tu pas <strong>le</strong> bourdonnement des<br />

rou<strong>et</strong>s ? Il paraît venir de toutes <strong>le</strong>s maisons. Et n’as-tu pas<br />

observé qu’au passage de voyageurs bien habillés, <strong>le</strong>s paysans<br />

ne <strong>le</strong>s regardent pas d’un air envieux ?<br />

— Rien d’autre ?<br />

— Ainsi que tu peux <strong>le</strong> constater, de nombreuses jeunes<br />

fil<strong>le</strong>s cultivent <strong>le</strong>s champs. Cela veut dire que la région est<br />

prospère, que l’on y mène une vie norma<strong>le</strong>. Les enfants<br />

grandissent en bonne santé, <strong>le</strong>s vieil<strong>le</strong>s gens sont traitées avec <strong>le</strong><br />

respect qui <strong>le</strong>ur est dû, <strong>le</strong>s jeunes gens <strong>et</strong> <strong>le</strong>s jeunes femmes ne<br />

s’enfuient point pour mener ail<strong>le</strong>urs une vie incertaine. Il y a<br />

gros à parier que <strong>le</strong> seigneur de la province est riche, que <strong>le</strong>s<br />

<strong>sabre</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s fusils de son magasin d’armes sont bien astiqués <strong>et</strong><br />

conservés dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur état.<br />

— Je ne vois rien de si intéressant dans tout ça, gémit<br />

Jōtarō.<br />

— Hum, voilà qui ne m’étonne pas.<br />

— En tout cas, vous n’êtes pas venu ici pour admirer <strong>le</strong><br />

paysage. N’al<strong>le</strong>z-vous pas combattre <strong>le</strong>s samouraïs de la Maison<br />

de Yagyū ?<br />

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