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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— <strong>La</strong> faveur que je désire vous demander, dit-il, c’est de<br />

rem<strong>et</strong>tre un paqu<strong>et</strong> de ma part au seigneur Karasumaru<br />

Mitsuhiro, qui habite Horikawa, à Kyoto.<br />

Tout en parlant, il prit deux rou<strong>le</strong>aux sur l’étagère branlante<br />

du mur.<br />

— ... Il y a deux ans, <strong>le</strong> seigneur Karasumaru m’a demandé<br />

de peindre ceci. J’ai enfin terminé. Il se propose d’inscrire <strong>le</strong><br />

commentaire accompagnant <strong>le</strong>s images, <strong>et</strong> d’offrir <strong>le</strong>s rou<strong>le</strong>aux à<br />

l’empereur. Voilà pourquoi je ne veux pas <strong>le</strong>s confier à un<br />

messager ou à un courrier ordinaire. Vou<strong>le</strong>z-vous <strong>le</strong>s lui porter,<br />

<strong>et</strong> veil<strong>le</strong>r à ce qu’ils ne se mouil<strong>le</strong>nt ni ne se salissent en route ?<br />

Il s’agissait là d’une commission d’une importance<br />

imprévue, <strong>et</strong> d’abord Otsū hésita. Mais il n’était guère possib<strong>le</strong><br />

de refuser, <strong>et</strong> au bout d’un instant el<strong>le</strong> accepta. Arakida sortit<br />

alors une boîte <strong>et</strong> du papier imperméab<strong>le</strong> ; mais avant<br />

d’envelopper <strong>et</strong> de cach<strong>et</strong>er <strong>le</strong>s rou<strong>le</strong>aux, il dit :<br />

— Peut-être devrais-je d’abord vous <strong>le</strong>s montrer.<br />

Il s’assit <strong>et</strong> se mit à dérou<strong>le</strong>r par terre, devant eux, <strong>le</strong>s<br />

peintures. Manifestement fier de son travail, il désirait <strong>le</strong> voir<br />

une dernière fois lui-même avant de s’en séparer.<br />

<strong>La</strong> beauté des rou<strong>le</strong>aux coupa <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> à Otsū, <strong>et</strong> Jōtarō<br />

ouvrit de grands yeux en se penchant pour <strong>le</strong>s examiner de plus<br />

près. Le commentaire n’ayant pas encore été inscrit, ni l’un ni<br />

l’autre ne savait quel<strong>le</strong> histoire cela illustrait ; mais tandis<br />

qu’Arakida déroulait une scène après l’autre, ils voyaient un<br />

tab<strong>le</strong>au de la vie à l’ancienne cour impéria<strong>le</strong>, délicatement<br />

exécuté dans des cou<strong>le</strong>urs magnifiques, rehaussées de poudre<br />

d’or. Ces peintures étaient de sty<strong>le</strong> Tosa, dérivé de l’art japonais<br />

classique.<br />

Bien que Jōtarō n’eût aucune éducation artistique, ce qu’il<br />

voyait l’éblouissait.<br />

— Regardez <strong>le</strong> feu là ! s’exclama-t-il. On dirait qu’il brû<strong>le</strong><br />

vraiment, vous ne trouvez pas ?<br />

— Ne touche pas la peinture, lui recommandait Otsū.<br />

Regarde seu<strong>le</strong>ment.<br />

Pendant qu’ils écarquillaient des yeux admiratifs, un<br />

serviteur entra dire à voix très basse quelques mots à Arakida<br />

qui acquiesça <strong>et</strong> répondit :<br />

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