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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Il commença à se décrotter <strong>le</strong>s pieds pour entrer dans la<br />

sal<strong>le</strong> où était <strong>le</strong> feu.<br />

— Je veux bien si ton maître est d’accord.<br />

— Oh ! il n’a pas besoin de moi pour <strong>le</strong> moment.<br />

— Très bien.<br />

— Je vais chauffer votre saké. Je sais bien <strong>le</strong> faire.<br />

Il disposa une jarre à saké dans la cendre chaude, au bord<br />

du feu, <strong>et</strong> annonça bientôt que c’était prêt.<br />

— Rapide, hein ? dit Musashi, appréciateur.<br />

— Vous aimez <strong>le</strong> saké ?<br />

— Oui.<br />

— Mais puisque vous êtes si pauvre, je suppose que vous ne<br />

buvez pas beaucoup ?<br />

— Exact.<br />

— Je croyais que <strong>le</strong>s hommes qui étaient bons aux arts<br />

martiaux servaient de grands seigneurs, <strong>et</strong> touchaient de<br />

grosses pensions. A la boutique, un client m’a dit un jour que<br />

Tsukahara Bokuden se déplaçait toujours avec une suite de<br />

soixante-dix à quatre-vingts personnes, un relais de chevaux, <strong>et</strong><br />

un faucon.<br />

— C’est vrai.<br />

— Et j’ai entendu dire qu’un célèbre guerrier du nom de<br />

Yagyū, qui sert la Maison de Tokugawa, a un revenu de<br />

cinquante mil<strong>le</strong> boisseaux de riz.<br />

— C’est vrai aussi.<br />

— Alors, pourquoi êtes-vous si pauvre ?<br />

— J’apprends encore mon métier.<br />

— A quel âge aurez-vous des tas de discip<strong>le</strong>s ?<br />

— Je ne sais pas si j’en aurai jamais.<br />

— Pourquoi donc ? Vous ne va<strong>le</strong>z rien ?<br />

— Tu as entendu ce que disaient <strong>le</strong>s gens qui m’ont vu au<br />

temp<strong>le</strong>. De quelque façon que l’on envisage <strong>le</strong> problème, je me<br />

suis enfui.<br />

— C’est ce que tout <strong>le</strong> monde dit : <strong>le</strong> shugyōsha de<br />

l’auberge – c’est vous – est un faib<strong>le</strong>. Mais ça me rend fou de <strong>le</strong>s<br />

entendre.<br />

Jōtarō serra <strong>le</strong>s lèvres.<br />

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