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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Quoi ?<br />

<strong>La</strong> réponse de Jōtarō suscita la stupéfaction généra<strong>le</strong> ; la<br />

fou<strong>le</strong> entière était en colère. Tarō, c’était l’animal favori du<br />

seigneur Munenori de Tajima. Plus : il était <strong>le</strong> rej<strong>et</strong>on de pure<br />

race de Raiko, chienne appartenant au seigneur Yorinori de<br />

Kishū, qui l’aimait beaucoup. Le seigneur Yorinori avait luimême<br />

offert <strong>le</strong> chiot à Munenori qui l’avait personnel<strong>le</strong>ment<br />

é<strong>le</strong>vé. Le meurtre de l’animal ferait donc l’obj<strong>et</strong> d’une enquête<br />

approfondie, <strong>et</strong> <strong>le</strong> sort des deux samouraïs payés pour veil<strong>le</strong>r sur<br />

<strong>le</strong> chien se trouvait maintenant bien compromis.<br />

L’homme que Jōtarō avait en face de lui était l’un d’eux.<br />

— Si<strong>le</strong>nce ! hurla-t-il en visant du poing la tête de l’enfant.<br />

C<strong>et</strong>te fois, Jōtarō ne fut pas assez prompt. Le coup<br />

l’atteignit près de l’oreil<strong>le</strong>.<br />

Il <strong>le</strong>va la main pour tâter sa b<strong>le</strong>ssure.<br />

— Qu’est-ce que vous faites ? cria-t-il.<br />

— Tu as tué <strong>le</strong> chien du maître. Tu ne vois pas<br />

d’inconvénient à ce que je te batte à mort de la même façon,<br />

hein ? Parce que je ne vais pas faire autre chose.<br />

— Je n’ai fait que me venger de lui. Pourquoi me punir de<br />

ça ? Une grande personne devrait bien savoir que ça n’est pas<br />

juste !<br />

Selon Jōtarō, il n’avait fait que protéger son honneur, <strong>et</strong><br />

risquer sa vie à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> car une b<strong>le</strong>ssure visib<strong>le</strong> était une honte<br />

grave pour un samouraï. Pour défendre sa fierté, il n’y avait<br />

d’autre solution que de tuer <strong>le</strong> chien : <strong>et</strong> même, selon toute<br />

vraisemblance il avait espéré des compliments pour sa vaillante<br />

conduite. Il restait sur ses positions, bien résolu à ne pas céder.<br />

— Ferme ta gueu<strong>le</strong>, inso<strong>le</strong>nt ! criait <strong>le</strong> garde. Ça m’est égal,<br />

que tu ne sois qu’un gosse. Tu es assez grand pour connaître la<br />

différence entre un chien <strong>et</strong> un être humain. Quel<strong>le</strong> idée : se<br />

venger d’une bête !<br />

Il saisit au coll<strong>et</strong> Jōtarō, regarda la fou<strong>le</strong> en quête<br />

d’approbation, <strong>et</strong> déclara qu’il était de son devoir de châtier<br />

l’assassin du chien. <strong>La</strong> fou<strong>le</strong> acquiesça de la tête en si<strong>le</strong>nce. Les<br />

quatre hommes qui venaient de recevoir Musashi paraissaient<br />

désolés, mais ils se turent.<br />

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