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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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son épau<strong>le</strong>, il vit que <strong>le</strong>s hommes, derrière lui, s’étaient arrêtés.<br />

L’un d’eux souriait en découvrant <strong>le</strong>s dents ; il informait <strong>le</strong>s<br />

autres que Musashi semblait « regarder une plaque<br />

quelconque. »<br />

Musashi, maintenant devant <strong>le</strong>s marches du Hongandō,<br />

<strong>le</strong>vait en eff<strong>et</strong> <strong>le</strong>s yeux vers une plaque, battue par <strong>le</strong>s<br />

intempéries, qui pendait à la traverse de l’entrée du temp<strong>le</strong>. Mal<br />

à l’aise, il se demandait s’il devait tenter de <strong>le</strong>s disperser en <strong>le</strong>s<br />

effrayant par un cri de guerre. Il avait beau savoir qu’il en<br />

pourrait venir à bout rapidement, il n’avait aucune raison de se<br />

battre avec une bande d’humb<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs. De toute manière,<br />

il devait s’agir d’une erreur. Dans ce cas, ils se disperseraient tôt<br />

ou tard. Il se tenait là patiemment, à lire <strong>et</strong> relire <strong>le</strong>s mots<br />

inscrits sur la pancarte : « Premiers vœux. »<br />

— <strong>La</strong> voilà ! cria l’un des porteurs.<br />

Ils se mirent à par<strong>le</strong>r entre eux à mi-voix. Musashi avait<br />

l’impression qu’ils s’excitaient à la fureur. L’enceinte, derrière la<br />

porte ouest du temp<strong>le</strong>, s’était rapidement remplie de monde, <strong>et</strong><br />

voici que prêtres, pè<strong>le</strong>rins <strong>et</strong> marchands s’usaient <strong>le</strong>s yeux pour<br />

voir ce qui se passait. Le visage p<strong>le</strong>in de curiosité, ils formaient<br />

des groupes en dehors du cerc<strong>le</strong> des porteurs qui entouraient<br />

Musashi.<br />

De la colline de Sannen venaient <strong>le</strong>s mélopées rythmées sur<br />

<strong>le</strong> pas des hommes chargés d’un fardeau. Les voix se<br />

rapprochèrent jusqu’à ce que deux hommes pénètrent dans<br />

l’enceinte du temp<strong>le</strong>, portant sur <strong>le</strong> dos une vieil<strong>le</strong> femme <strong>et</strong> un<br />

samouraï campagnard qui semblait assez fatigué.<br />

Sur <strong>le</strong> dos de son porteur, Osugi fit un brusque signe de la<br />

main en disant :<br />

— Ça ira comme ça.<br />

Le porteur fléchit <strong>le</strong>s jambes, <strong>et</strong>, tout en sautant <strong>le</strong>stement à<br />

terre, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> remercia. El<strong>le</strong> se tourna vers l’onc<strong>le</strong> Gon, <strong>et</strong> dit :<br />

— ... C<strong>et</strong>te fois, nous ne <strong>le</strong> laisserons pas échapper, n’est-ce<br />

pas ?<br />

Tous deux étaient vêtus <strong>et</strong> chaussés comme s’ils<br />

s’attendaient à passer <strong>le</strong> reste de <strong>le</strong>ur existence à voyager.<br />

— Où est-il ?<br />

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