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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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côté de l’eau, à sa gauche, <strong>le</strong> vieux marché, Yamada <strong>et</strong> la grandroute<br />

de Matsuzaka. S’il se rendait à Matsuzaka, il aurait peutêtre<br />

des chances de rencontrer <strong>le</strong> prodigieux escrimeur<br />

Mikogami Tenzen ; mais non, il était trop tôt pour cela. Il<br />

débarqua à Tsu comme prévu.<br />

A peine descendu du bateau, il remarqua un homme qui<br />

marchait devant lui avec une courte barre à la ceinture. <strong>La</strong> barre<br />

était entourée d’une chaîne, <strong>et</strong> au bout de la chaîne il y avait une<br />

bou<strong>le</strong>. L’homme portait éga<strong>le</strong>ment un court <strong>sabre</strong> de campagne,<br />

dans un fourreau de cuir. Il paraissait quarante-deux, quarant<strong>et</strong>rois<br />

ans ; son visage, aussi sombre que celui de Musashi, était<br />

grêlé, <strong>et</strong> ses cheveux roussâtres étaient tirés en arrière en<br />

toup<strong>et</strong>.<br />

On aurait pu <strong>le</strong> prendre pour un maraudeur, n’eût été <strong>le</strong><br />

jeune garçon qui <strong>le</strong> suivait. Les deux joues noires de suie, il<br />

portait un marteau de forgeron ; c’était manifestement un<br />

apprenti.<br />

— Attendez-moi, maître !<br />

— Avance !<br />

— J’ai laissé <strong>le</strong> marteau sur <strong>le</strong> bateau.<br />

— Alors, comme ça, tu oublies <strong>le</strong>s outils qui te servent à<br />

gagner ta vie ?<br />

— Je suis r<strong>et</strong>ourné <strong>le</strong> chercher.<br />

— Et je suppose que tu en es fier. <strong>La</strong> prochaine fois que tu<br />

oublies quelque chose, je te fracasse <strong>le</strong> crâne !<br />

— Maître..., supplia l’enfant.<br />

— Si<strong>le</strong>nce !<br />

— Ne pouvons-nous passer la nuit à Tsu ?<br />

— Il fait encore p<strong>le</strong>in jour. Nous pourrons être chez nous à<br />

la tombée de la nuit.<br />

— Ça ne fait rien ; j’aimerais m’arrêter quelque part.<br />

Puisque nous voyageons, autant en profiter.<br />

— Ne dis pas de bêtises !<br />

<strong>La</strong> rue qui menait en vil<strong>le</strong> était bordée de marchands de<br />

souvenirs, <strong>et</strong> infestée de rabatteurs d’auberges, comme dans<br />

tous <strong>le</strong>s autres ports. L’apprenti perdit à nouveau de vue son<br />

maître <strong>et</strong> scruta la fou<strong>le</strong> d’un air anxieux jusqu’à ce que l’homme<br />

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