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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Au bout d’une ou deux secondes, ils entendirent des pas <strong>et</strong><br />

un léger tintement qui s’éloignait vers l’intérieur de la maison.<br />

C’est à c<strong>et</strong> instant précis qu’ils remarquèrent <strong>le</strong> visage. A<br />

une fenêtre latéra<strong>le</strong>, un visage de femme qui <strong>le</strong>s avait observés<br />

depuis <strong>le</strong> début.<br />

— Akemi, cria-t-el<strong>le</strong>, fais-<strong>le</strong>s entrer ! Ce sont de simp<strong>le</strong>s<br />

soldats. Les patrouil<strong>le</strong>s de Tokugawa ne vont pas al<strong>le</strong>r perdre<br />

<strong>le</strong>ur temps avec eux. Ils n’ont aucune importance.<br />

Akemi ouvrit la porte, <strong>et</strong> la femme, qui se présenta sous <strong>le</strong><br />

nom d’Okō, vint écouter l’histoire de Takezō.<br />

Ils furent autorisés à dormir au bûcher. L’on administra à<br />

Matahachi, pour calmer ses dou<strong>le</strong>urs intestina<strong>le</strong>s, de la poudre<br />

de charbon de bois de magnolia <strong>et</strong> un léger gruau de riz<br />

contenant de la cibou<strong>le</strong>. Durant <strong>le</strong>s quelques jours qui suivirent,<br />

il dormit presque sans interruption tandis que Takezō, tout en<br />

<strong>le</strong> veillant, soignait <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures de bal<strong>le</strong>s de sa cuisse à l’alcool.<br />

Environ une semaine après, Takezō <strong>et</strong> Matahachi, assis,<br />

bavardaient.<br />

— El<strong>le</strong>s doivent bien exercer un métier quelconque, observa<br />

Takezō.<br />

— Ce qu’el<strong>le</strong>s font m’est complètement indifférent. Je suis<br />

seu<strong>le</strong>ment content qu’el<strong>le</strong>s nous aient pris chez el<strong>le</strong>s.<br />

Mais la curiosité de Takezō était en éveil.<br />

— <strong>La</strong> mère n’est pas si vieil<strong>le</strong> que ça, reprit-il. Curieux que<br />

ces deux femmes vivent seu<strong>le</strong>s ici, dans <strong>le</strong>s montagnes.<br />

— Heu... tu ne trouves pas que la fil<strong>le</strong> ressemb<strong>le</strong> un peu à<br />

Otsū ?<br />

— Quelque chose en el<strong>le</strong> me rappel<strong>le</strong> Otsū mais je ne crois<br />

pas qu’el<strong>le</strong>s se ressemb<strong>le</strong>nt vraiment. El<strong>le</strong>s sont toutes <strong>le</strong>s deux<br />

jolies, voilà la vérité. Que crois-tu qu’el<strong>le</strong> faisait la première fois<br />

que nous l’avons vue, à se faufi<strong>le</strong>r en p<strong>le</strong>ine nuit au milieu de<br />

tous ces cadavres ? Ça n’avait pas l’air de la gêner <strong>le</strong> moins du<br />

monde. Haha ! je revois encore la scène. El<strong>le</strong> avait <strong>le</strong> visage<br />

tranquil<strong>le</strong> <strong>et</strong> serein de ces poupées qu’ils fabriquent à Kyoto.<br />

Quel spectac<strong>le</strong> !<br />

Matahachi lui fit signe de se taire.<br />

— Chhh !... J’entends sa cloch<strong>et</strong>te.<br />

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