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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Quittant son coussin, il posa <strong>le</strong>s deux mains à terre <strong>et</strong><br />

s’inclina profondément.<br />

— ... Voilà bien longtemps que je ne vous ai vu !<br />

Re<strong>le</strong>vant <strong>le</strong>s mains de Musashi, Takuan dit :<br />

— C<strong>et</strong> endroit est consacré au divertissement <strong>et</strong> à la détente.<br />

Je te dispense des salutations protocolaires... On m’avait dit que<br />

Kō<strong>et</strong>su se trouvait ici, lui aussi, mais je ne <strong>le</strong> vois pas.<br />

— Où croyez-vous qu’il puisse être ?<br />

— Cherchons-<strong>le</strong>. J’ai bien à te par<strong>le</strong>r en privé d’un certain<br />

nombre de choses, mais el<strong>le</strong>s peuvent attendre une occasion<br />

plus propice.<br />

Takuan ouvrit la porte qui menait à la chambre voisine. Là,<br />

<strong>le</strong>s pieds dans <strong>le</strong> kotatsu, une couverture sur lui, était étendu<br />

Kō<strong>et</strong>su, isolé du reste de la pièce par un p<strong>et</strong>it écran d’or. Il<br />

dormait paisib<strong>le</strong>ment. Takuan ne pouvait se résoudre à<br />

l’éveil<strong>le</strong>r. Kō<strong>et</strong>su ouvrit <strong>le</strong>s yeux de lui-même. Il contempla un<br />

moment <strong>le</strong> visage du prêtre, puis celui de Musashi, ne sachant<br />

tout à fait que penser. Après qu’ils lui eurent expliqué la<br />

situation, Kō<strong>et</strong>su <strong>le</strong>ur dit :<br />

— S’il n’y a que vous <strong>et</strong> Mitsuhiro dans l’autre chambre, je<br />

veux bien y al<strong>le</strong>r.<br />

Ils constatèrent que Mitsuhiro <strong>et</strong> Shōyū, enfin à bout de<br />

paro<strong>le</strong>s, avaient sombré dans la mélancolie. Ils étaient parvenus<br />

au stade où <strong>le</strong> saké commence à prendre un goût amer, où <strong>le</strong>s<br />

lèvres se dessèchent, où une gorgée d’eau fait songer au r<strong>et</strong>our<br />

chez soi. Ce soir-là, <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s étaient pires encore : Yoshino<br />

<strong>le</strong>s avait abandonnés.<br />

— Pourquoi ne rentrons-nous pas tous ? suggéra quelqu’un.<br />

— Nous ferions aussi bien, dirent <strong>le</strong>s autres.<br />

Ils ne désiraient pas vraiment partir ; pourtant, ils<br />

craignaient que s’ils restaient plus longtemps rien ne subsistât<br />

de la douceur de la soirée. Mais comme ils se <strong>le</strong>vaient pour s’en<br />

al<strong>le</strong>r, Rin’ya entra en courant dans la chambre avec deux<br />

fill<strong>et</strong>tes plus jeunes. Saisissant <strong>le</strong>s mains du seigneur Kangan,<br />

Rin’ya lui déclara :<br />

— Nous sommes désolées de vous avoir fait attendre. Je<br />

vous en prie, ne partez pas. Yoshino Dayū est prête à vous<br />

recevoir chez el<strong>le</strong>. Je sais bien qu’il est tard, mais il fait clair au-<br />

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