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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Un bruit de pas dans l’escalier interrompit sa rêverie. <strong>La</strong><br />

servante parut, suivie de Jōtarō, sa peau sombre encore noircie<br />

par la sal<strong>et</strong>é du voyage, mais ses cheveux de farfad<strong>et</strong> blancs de<br />

poussière. Musashi, sincèrement heureux de la diversion que lui<br />

apportait son jeune ami, l’accueillit à bras ouverts.<br />

L’enfant se laissa tomber à terre, ses jambes sa<strong>le</strong>s étendues.<br />

— Je suis fatigué ! soupira-t-il.<br />

— Tu as eu du mal à me trouver ?<br />

— Du mal ? J’ai failli renoncer. Je vous ai cherché partout !<br />

— Tu n’as pas demandé au Hōzōin ?<br />

— Si, mais ils ont répondu qu’ils ne vous connaissaient pas.<br />

— Ah ! vraiment ? dit Musashi, <strong>le</strong>s yeux rétrécis. Je <strong>le</strong>ur ai<br />

pourtant spécifié que tu me trouverais près de l’étang de<br />

Sarusawa... Allons, je suis content que tu aies réussi.<br />

— Voici la réponse de l’Eco<strong>le</strong> Yoshioka, dit Jōtarō en<br />

tendant à Musashi <strong>le</strong> tube de bambou. Je n’ai pu trouver<br />

Hon’iden Matahachi ; aussi ai-je demandé chez lui qu’on lui<br />

fasse la commission.<br />

— Parfait. Maintenant, cours prendre un bain. On te<br />

donnera à dîner en bas.<br />

Musashi sortit <strong>le</strong> message du tube, <strong>et</strong> <strong>le</strong> lut. Il disait que<br />

Seijūrō attendait impatiemment une « deuxième rencontre » ;<br />

si Musashi ne se présentait pas comme promis l’année suivante,<br />

on en conclurait qu’il avait eu peur. Seijūrō ferait en sorte que<br />

Musashi devînt la risée de Kyoto. Ces fanfaronnades étaient<br />

d’une écriture maladroite, vraisemblab<strong>le</strong>ment cel<strong>le</strong> de<br />

quelqu’un d’autre que Seijūrō.<br />

Musashi déchira la missive <strong>et</strong> la brûla ; <strong>le</strong>s morceaux<br />

calcinés s’envolèrent comme autant de papillons noirs.<br />

Seijūrō parlait d’une « rencontre », mais il était clair que ce<br />

serait plus que cela. Ce serait un combat à mort. L’an prochain,<br />

à la suite de c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre insultante, <strong>le</strong>quel des combattants<br />

finirait-il en cendres ?<br />

Musashi trouvait tout naturel qu’un guerrier se contentât de<br />

vivre au jour <strong>le</strong> jour, sans jamais savoir <strong>le</strong> matin s’il verrait <strong>le</strong><br />

crépuscu<strong>le</strong>. Pourtant, l’idée qu’il risquait véritab<strong>le</strong>ment de<br />

mourir au cours de l’année suivante <strong>le</strong> tracassait un peu. Tant<br />

de choses lui restaient à faire ! Et d’abord, son brûlant désir de<br />

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