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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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<strong>La</strong> fête des f<strong>le</strong>urs<br />

Au XVII e sièc<strong>le</strong>, la grand-route du Mimasaka était une voie<br />

de communication majeure. Partie de Tatsuno, dans la province<br />

de Harima, el<strong>le</strong> serpentait à travers une région que l’on décrivait<br />

proverbia<strong>le</strong>ment comme « une montagne après l’autre ».<br />

Pareil<strong>le</strong> aux poteaux qui délimitaient Mimasaka <strong>et</strong> Harima, el<strong>le</strong><br />

suivait une série de crêtes qui semblaient sans fin. Les<br />

voyageurs qui passaient <strong>le</strong> col de Nakayama voyaient à <strong>le</strong>urs<br />

pieds la vallée de la rivière Aida, où, souvent à <strong>le</strong>ur surprise, ils<br />

distinguaient un village de bonne tail<strong>le</strong>.<br />

En réalité, plutôt qu’un véritab<strong>le</strong> village, Miyamoto n’était<br />

qu’un éparpil<strong>le</strong>ment de hameaux. Un groupe de maisons<br />

longeait <strong>le</strong>s berges de la rivière ; un autre se pelotonnait plus<br />

haut dans <strong>le</strong>s collines ; un troisième se dressait parmi des<br />

champs plats, <strong>pierre</strong>ux <strong>et</strong> par conséquent diffici<strong>le</strong>s à labourer.<br />

Tout compte fait, il s’agissait d’un nombre de maisons<br />

substantiel pour une agglomération rura<strong>le</strong> de l’époque.<br />

Jusqu’à l’année précédente environ, <strong>le</strong> seigneur Shimmen,<br />

d’Iga, avait tenu un château à un kilomètre en amont de la<br />

rivière – un château qui pour être p<strong>et</strong>it n’en recevait pas moins<br />

un afflux régulier d’artisans <strong>et</strong> de commerçants. Plus au nord, il<br />

y avait <strong>le</strong>s mines d’argent de Shikozaka, alors un peu épuisées,<br />

mais qui avaient autrefois attiré des mineurs venus de loin.<br />

Les voyageurs qui allaient de Tottori à Hemeji, ou de Tajima<br />

par <strong>le</strong>s montagnes à Bizen, empruntaient naturel<strong>le</strong>ment la<br />

grand-route. Tout aussi naturel<strong>le</strong>ment, ils faisaient étape à<br />

Miyamoto, <strong>le</strong>quel avait l’aspect exotique d’un village visité<br />

souvent par <strong>le</strong>s natifs de plusieurs provinces, — village qui non<br />

seu<strong>le</strong>ment s’enorgueillissait d’une auberge, mais d’un magasin<br />

d’habil<strong>le</strong>ment. Il abritait aussi un essaim de bel<strong>le</strong>s de nuit qui, la<br />

gorge poudrée de blanc comme c’était la mode alors, rôdaient<br />

devant <strong>le</strong>ur lieu de travail comme des chauves-souris blanches.<br />

Tel<strong>le</strong> était la vil<strong>le</strong> que Takezō <strong>et</strong> Matahachi avaient quittée pour<br />

al<strong>le</strong>r à la guerre.<br />

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