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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— On se croirait en p<strong>le</strong>in été, grommela-t-il.<br />

On n’entendait aucun son, hormis la pluie battante, mais un<br />

éclair lui fit porter ses mains aux oreil<strong>le</strong>s. Matahachi se blottit<br />

avec effroi près d’une statue du dieu de la foudre, qui se dressait<br />

à côté du portail.<br />

Aussi soudainement qu’el<strong>le</strong> avait commencé, la pluie cessa.<br />

Les nuages noirs se déchirèrent, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il rayonna, <strong>et</strong> la rue ne<br />

fut pas longue à r<strong>et</strong>rouver son aspect normal. Quelque part au<br />

loin, Matahachi percevait <strong>le</strong> son des shamisens. Comme il se<br />

rem<strong>et</strong>tait en route, une femme vêtue en geisha traversa la rue <strong>et</strong><br />

s’avança droit vers lui.<br />

— Vous vous appe<strong>le</strong>z bien Matahachi ? demanda-t-el<strong>le</strong>.<br />

— Oui, répondit-il d’un ton soupçonneux. Comment <strong>le</strong><br />

savez-vous ?<br />

— L’un de vos amis se trouve en ce moment dans notre<br />

magasin. Il vous a vu par la vitrine, <strong>et</strong> m’a dit d’al<strong>le</strong>r vous<br />

chercher.<br />

J<strong>et</strong>ant un coup d’œil autour de lui, il constata que dans <strong>le</strong><br />

voisinage il y avait plusieurs bordels. En dépit de ses<br />

hésitations, la femme l’entraîna vers <strong>le</strong> sien.<br />

— Si vous avez autre chose à faire, dit-el<strong>le</strong>, inuti<strong>le</strong> de rester<br />

longtemps.<br />

A <strong>le</strong>ur entrée, <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s se j<strong>et</strong>èrent littéra<strong>le</strong>ment sur lui, lui<br />

essuyant <strong>le</strong>s pieds, lui en<strong>le</strong>vant son kimono mouillé, insistant<br />

pour qu’il montât au salon. Quand il demanda qui était l’ami en<br />

question, el<strong>le</strong>s éclatèrent de rire <strong>et</strong> lui répondirent qu’il ne<br />

tarderait pas à <strong>le</strong> savoir.<br />

— Eh bien ! dit Matahachi, j’ai été dehors sous la pluie ;<br />

aussi je resterai jusqu’à ce que mes vêtements soient secs, mais<br />

n’essayez pas de me r<strong>et</strong>enir davantage. Il y a un homme qui<br />

m’attend au pont de S<strong>et</strong>a.<br />

Avec force gloussements, <strong>le</strong>s femmes lui promirent qu’il<br />

partirait de bonne heure, tout en <strong>le</strong> poussant presque en haut de<br />

l’escalier. Au seuil du salon, il fut accueilli par une voix<br />

d’homme :<br />

— Tiens, tiens, je veux être pendu si ce n’est pas mon ami<br />

Inugarni Sensei !<br />

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