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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Inquiétant. Ce sont tes hémorroïdes qui te reprennent ?<br />

Matahachi, dans un accès d’amour filial, dit :<br />

— Grimpe sur mon dos, maman.<br />

— Oh ! tu veux me porter ? Comme c’est gentil !<br />

Agrippée à ses épau<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> versait des larmes de joie.<br />

— ... Voilà combien d’années ?... Regarde, onc<strong>le</strong> Gon,<br />

Matahachi va me porter sur son dos.<br />

Tandis que <strong>le</strong>s larmes de sa mère coulaient dans sa nuque,<br />

Matahachi lui-même éprouvait une étrange satisfaction.<br />

— Onc<strong>le</strong> Gon, où donc logez-vous ? demanda-t-il.<br />

— Nous n’avons pas encore trouvé d’auberge, mais<br />

n’importe laquel<strong>le</strong> fera l’affaire. Allons en chercher une.<br />

— Très bien.<br />

Tout en marchant, Matahachi faisait doucement sauter sa<br />

mère sur son dos.<br />

— ... Dis donc, maman, tu es légère ! Bien légère ! Bien plus<br />

légère qu’un bloc de <strong>pierre</strong> !<br />

Le beau jeune homme<br />

Peu à peu obscurcie par la brume de la mi-journée<br />

hiverna<strong>le</strong>, l’î<strong>le</strong> enso<strong>le</strong>illée d’Awaji s’estompait au loin. <strong>La</strong> grandvoi<strong>le</strong>,<br />

en claquant au vent, assourdissait <strong>le</strong> bruit des vagues. Le<br />

bateau qui faisait la nav<strong>et</strong>te, plusieurs fois par mois, entre<br />

Osaka <strong>et</strong> la province d’Awa, dans l’î<strong>le</strong> de Shikoku, traversait <strong>le</strong><br />

détroit en direction d’Osaka. Bien que sa cargaison consistât<br />

surtout en papier <strong>et</strong> en teinture d’indigo, une odeur<br />

caractéristique trahissait la contrebande de tabac, que <strong>le</strong><br />

gouvernement Tokugawa avait interdit de fumer, priser ou<br />

chiquer. Il y avait aussi à bord des passagers, marchands pour la<br />

plupart ; ou bien ils r<strong>et</strong>ournaient en vil<strong>le</strong>, ou bien ils s’y<br />

rendaient pour <strong>le</strong> commerce de fin d’année.<br />

— Comment vont <strong>le</strong>s affaires ? Des affaires d’or, je parie.<br />

— Pas du tout ! Tout <strong>le</strong> monde dit que ça va très fort à Sakai,<br />

mais on ne s’en douterait pas d’après moi.<br />

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