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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Quand tous eurent fait si<strong>le</strong>nce, el<strong>le</strong> dit :<br />

— Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter. Avant<br />

même notre départ, je prévoyais qu’il arriverait quelque chose<br />

de ce genre. En passant à ma ceinture ce p<strong>et</strong>it <strong>sabre</strong>, l’un des<br />

plus précieux obj<strong>et</strong>s de la famil<strong>le</strong> des Hon’iden, je me suis<br />

agenouillée devant <strong>le</strong>s tabl<strong>et</strong>tes commémoratives de nos<br />

ancêtres, <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur ai adressé un adieu so<strong>le</strong>nnel. J’ai aussi<br />

prononcé deux serments. L’un était que je rattraperais <strong>et</strong><br />

punirais l’impudente qui a traîné dans la boue notre nom.<br />

L’autre était que je m’assurerais, dussé-je pour cela perdre la<br />

vie, que mon fils Matahachi est bien en vie. Si tel est <strong>le</strong> cas, je <strong>le</strong><br />

ramènerai à la maison pour perpétuer <strong>le</strong> nom familial. Je l’ai<br />

juré, <strong>et</strong> je <strong>le</strong> ferai, même si pour cela je dois lui passer une corde<br />

au cou pour <strong>le</strong> traîner durant tout <strong>le</strong> chemin. Il a des obligations<br />

non seu<strong>le</strong>ment envers moi <strong>et</strong> envers <strong>le</strong>s défunts mais aussi<br />

envers vous. Alors, il se trouvera une épouse cent fois<br />

supérieure à Otsū, <strong>et</strong> effacera à tout jamais c<strong>et</strong>te honte en sorte<br />

que <strong>le</strong>s villageois considéreront à nouveau notre maison comme<br />

nob<strong>le</strong> <strong>et</strong> respectab<strong>le</strong>.<br />

Parmi <strong>le</strong>s applaudissements <strong>et</strong> <strong>le</strong>s acclamations, un seul<br />

homme émit quelque chose qui ressemblait à un gémissement.<br />

Osugi regarda fixement son gendre. El<strong>le</strong> reprit :<br />

— ... Or, l’onc<strong>le</strong> Gon <strong>et</strong> moi sommes l’un <strong>et</strong> l’autre assez<br />

vieux pour nous r<strong>et</strong>irer. Nous sommes l’un <strong>et</strong> l’autre d’accord<br />

sur tout ce que j’ai juré d’accomplir ; il y est décidé lui aussi,<br />

même s’il faut pour cela passer deux ou trois ans à ne rien faire<br />

d’autre, même s’il faut pour cela sillonner tout <strong>le</strong> pays. En mon<br />

absence, mon gendre me remplacera comme chef de famil<strong>le</strong>.<br />

Pendant ce temps-là, vous devez prom<strong>et</strong>tre de travail<strong>le</strong>r aussi<br />

dur que jamais. Je ne veux pas apprendre qu’aucun d’entre vous<br />

néglige <strong>le</strong>s vers à soie ou laisse <strong>le</strong>s mauvaises herbes envahir <strong>le</strong>s<br />

champs. Compris ?<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon approchait de la cinquantaine ; Osugi avait dix<br />

ans de plus. <strong>La</strong> fou<strong>le</strong> parut hésiter à <strong>le</strong>s laisser tenter seuls<br />

l’aventure : de toute évidence, ils n’étaient pas des adversaires<br />

pour Takezō dans <strong>le</strong> cas où ils m<strong>et</strong>traient jamais la main sur lui.<br />

Tous se <strong>le</strong> représentaient comme un fou capab<strong>le</strong> d’attaquer <strong>et</strong> de<br />

tuer à la simp<strong>le</strong> odeur du sang.<br />

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