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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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naturel, ils s’étaient constitué un salon de thé en p<strong>le</strong>in air. Tout<br />

cela présentait un aspect assez élégant, raffiné.<br />

L’un des hommes avait l’air d’être un serviteur, tandis que<br />

la peau blanche, <strong>le</strong> teint lisse <strong>et</strong> <strong>le</strong>s traits réguliers de l’autre<br />

évoquaient une grande poupée de porcelaine figurant un<br />

aristocrate de Kyoto. Il avait une bedaine satisfaite ; son attitude<br />

<strong>et</strong> ses joues exprimaient l’assurance.<br />

« Kō<strong>et</strong>su. » Ce nom disait quelque chose à Musashi : à<br />

l’époque, un très fameux Hon’ami Kō<strong>et</strong>su vivait à Kyoto. Non<br />

sans beaucoup d’envie on murmurait que <strong>le</strong> très riche seigneur<br />

Maeda Toshiie de Kaga lui versait une pension annuel<strong>le</strong> de mil<strong>le</strong><br />

boisseaux. En tant que bourgeois ordinaire, il aurait pu vivre<br />

somptueusement de cela seul ; mais en outre il jouissait de la<br />

faveur toute particulière de Tokugawa Ieyasu, <strong>et</strong> se trouvait<br />

souvent reçu chez des hommes de haute nob<strong>le</strong>sse. Les plus<br />

grands guerriers du pays, disait-on, croyaient devoir descendre<br />

de cheval <strong>et</strong> passer à pied devant son magasin pour ne pas<br />

donner l’impression qu’ils <strong>le</strong> regardaient de haut.<br />

<strong>La</strong> famil<strong>le</strong> devait son nom au fait qu’el<strong>le</strong> avait élu domici<strong>le</strong><br />

dans la ruel<strong>le</strong> Hon’ami ; <strong>le</strong> travail de Kō<strong>et</strong>su consistait à<br />

n<strong>et</strong>toyer, polir <strong>et</strong> évaluer <strong>le</strong>s <strong>sabre</strong>s. Ses ancêtres s’étaient acquis<br />

une réputation dès <strong>le</strong> XIV e sièc<strong>le</strong>, <strong>et</strong> avaient prospéré durant la<br />

période Ashikaga. Ils avaient plus tard été patronnés par des<br />

daimyōs aussi éminents qu’Imagawa Yoshimoto, Oda Nobunaga<br />

<strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi.<br />

Kō<strong>et</strong>su était connu pour un homme aux ta<strong>le</strong>nts multip<strong>le</strong>s. Il<br />

peignait, excellait dans la céramique <strong>et</strong> la laque ; on <strong>le</strong><br />

considérait comme un connaisseur d’art. Lui-même estimait<br />

que la calligraphie était son point fort ; en ce domaine on <strong>le</strong><br />

plaçait généra<strong>le</strong>ment au rang d’experts reconnus comme<br />

Shōkadō Shōjō, Karasumaru Mitsuhiro <strong>et</strong> Konoe Nobutada, <strong>le</strong><br />

créateur du célèbre sty<strong>le</strong> Sammyakuin, si populaire en ce tempslà.<br />

Malgré sa renommée, Kō<strong>et</strong>su ne se trouvait pas assez<br />

apprécié, du moins si l’on en croit une histoire qui circulait.<br />

D’après c<strong>et</strong>te anecdote il visitait souvent la résidence de son ami<br />

Konoe Nobutada, <strong>le</strong>quel était non seu<strong>le</strong>ment nob<strong>le</strong>, mais à<br />

l’époque ministre de la Gauche dans <strong>le</strong> gouvernement de<br />

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